Loin du front, la guerre de tous – 1914-1918

« Avec 10 millions de victimes, la Première Guerre mondiale est avant tout une guerre de masse» (1). Seize auteurs regroupés démontrent que les Hautes-Alpes, parmi les départements français non occupés, est celui qui a connu les plus importantes pertes humaines. L’État a bouleversé le monde paysan et, bien au-delà, les femmes, enfants, anciens, réformés, restés au pays, devront s’adapter et tenir pour travailler la terre, nourrir leur famille et la France en guerre. Au début d’août 1914, les Haut-Alpins sont très peu au fait de la situation internationale et encore moins préparés à la mobilisation. Celle-ci se déroule néanmoins parfaitement. Le départ des hommes désorganise complètement la presse locale. Rien n’est prévu pour l’acheminement du courrier et des nouvelles. Les journaux nationaux relaieront le gouvernement et l’Assemblée nationale. L’angoisse de l’arrière se dissipera grâce à l’entraide et à la solidarité. Les combats du 159e RI, basé à Briançon, seront suivis par toute la population alpine. Grosse mortalité en cette première année : 513 tués sur 627 Haut-Alpins. La mort de Jacques Roman qui est revenu du Mexique par patriotisme pour chasser les « Boches » et qui les a rencontrés. Mêmes angoisses que le soldat français. Condition de fantassin, attaques incessantes, peu de considération du commandement pour les blessés et les tués, le font douter de sa survie. Les Hautes-Alpes ont perdu 150 habitants pour 1000. La Grande Guerre aura mérité le sobriquet de Grande faucheuse. La natalité a baissé. Depuis 4 ans, un seul mariage note Jean-Jacques Guieu. Sur 30 jeunes mobilisés, il en manque déjà 12. Presque toutes les familles sont plongées dans le deuil. À ce triste bilan, la grippe espagnole ajoutera le sien. « À la fin de la guerre, l’État a pris le contrôle de l’activité économique ». On compte sur les travailleurs coloniaux et étrangers pour reconstruire la France. D’où un chapitre crucial de l’histoire de l’immigration qui va commencer… Un livre de recherches dans les  archives  superbement illustré.

1 – «Vivre la guerre dans les Hautes-Alpes» – 352 pages – Direction Gaël Chenard et Pierre Spitalier – Éditions Privat – octobre 2014 – 25 € TTC.

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