Pau et les écoles d’aviation avant 1914

Cet excellent ouvrage illustré aborde l’époque des pionniers de l’aviation, trois ans avant 1914 (1). Les élèves pilotes civils et militaires réalisent leur apprentissage sur les mêmes machines. « Lâchez tout ! ». Cette expression s’entend sur toutes les aires de gonflage de ballons ou d’amarrage de dirigeables, puis sur tous les aérodromes où la structure de l’aéroplane – ce n’est qu’après 1911 que l’avion se substitue à l’aéroplane, en l’honneur de Clément Ader – est retenue par les aides et les mécaniciens, faute de freins. S’opposent les partisans des « plus légers » et des « plus lourds » que l’air. En commun, la même ambition : voler. Passons sur l’aérostation, domaine de prédilection des plus fortunés pratiquant l’ascension en ballon libre, pour en venir à leurs cousins « aviateurs ». Le 13 janvier 1908, Henri Farman réalise le premier kilomètre en circuit fermé. Charles de Lambert, l’un des premiers pilotes formés à Pau par Wilbur Wright, achète deux avions « Flyer ». Louis Blériot traverse la Manche, le 25 juillet 1909. Encouragé par les militaires de son école, il rejoint son épouse à Bagnères-de-Bigorre, en aéroplane, le 3 février 1911. Tous les sportifs français et anglais sont fascinés par cette nouvelle discipline réservée, en priorité, aux riches enthousiastes. Un avion coûte 20000 F de l’époque soit 65000 €. L’aéro-club du Béarn est fondé le 13 décembre 1908 par Paul Tissandier qui crée l’école Wright dite américaine. Le point faible de ces machines volantes est le moteur – 50 CV maximum. Un témoignage de pilote en dit long : « Il fallait s’accoutumer à vivre dans le tourbillonnement d’air refoulé par une hélice tournant à 1100 tours, à 1,5 m devant soi et à se diriger malgré les projections reçues en plein visage ». À Pau, les élèves sont allemands, américains, anglais, hollandais, luxembourgeois, roumains, russes, suédois, suisses. Leur progression est rapide, stimulés qu’ils sont par l’argent des prix. Les ennemis : la météo, la mécanique et l’aérodynamique. Prophétique, Clément Ader dira : « Sera maître du monde qui sera maître de l’air ».

1 – «Le temps des casseurs de bois» – Bernard Vivier – Éditions Gascogne – novembre 2014 – 18 € TTC.

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