Cet ouvrage présente le parcours de trois frères marseillais au front : Antoine, Fernand et André Martin-Laval (1). Les échanges épistolaires avec leur famille sont de véritables chroniques de guerre agrémentées de cartes postales, dessins et photographies inédites. Fils de Fernand et Jeanne Martin-Laval, ils ont tous reçu une éducation religieuse stricte chez les jésuites. André, l’aîné, ajourné en 1909 parce que trop grand et trop maigre, se porte volontaire pour la durée de la guerre. Il est diplômé ingénieur électricien. Fernand, le deuxième, a raté son baccalauréat mais promu au grade de sergent, en 1911, au 58e R.I d’Avignon. Antoine, le cadet, fait de brillantes études de médecine et sera incorporé comme infirmier au 58e R.I puis comme « faisant fonction » de médecin auxiliaire affecté au 1er bataillon. Ces trois fils de bonne famille auront l’immense joie de se retrouver bien vivants à la fin du conflit. L’auteur a fait le choix de raconter trois époques de la grande guerre à travers les récits d’Antoine, infirmier pendant la guerre de mouvement, d’août à septembre 1914. André, téléphoniste durant la guerre des tranchées, de 1914 à 1915 et officier du Génie, de 1916 à 1918, sera le fil rouge de chapitres passionnants : Engagé volontaire, Premières tranchées, Rouge garance, Bleu horizon, Champagne !; puis, La voie des ondes, La voie des airs, Le chemin des Dames, La voix de la paix. Ce fond volumineux – dix mètres linéaires de rayonnages – de la famille Martin-Laval a été cédé aux archives des Bouches-du-Rhône par Mireille Martin-Laval, fille d’André, qui redécouvre, en 1970, ces « souvenirs » d’une famille provençale de la petite bourgeoisie relativement privilégiée pour l’époque. Exceptionnels témoignages, les trois frères firent preuve d’un indiscutable patriotisme. « Leur description des faits, la perception des événements et l’expression de critiques ne peuvent être soupçonnées d’antimilitarisme ou d’être guidées par des sentiments a priori pacifistes » souligne l’auteur. Au final, un livre étonnant sur la période que je recommande particulièrement.

(1) «Trois frères en guerre» de Serge Truphémus – 736 pages – mars 2014 – Editions Privat – 28 €.