83 – Us et coutumes dans les H.P

Novembre – La veille de la Toussaint, les cloches tintaient pour le glas des morts. Ah ! Ce son lugubre, toute la nuit… Cette sonnerie nocturne était l’occasion de beuveries dans les églises. Étonnant, non ? Puis ces sonneries et ripailles cessèrent comme tout abus en ce bas monde. À la Toussaint (Marterou), avaient lieu les changements de métairies (muderes). Les maîtres et métayers ayant conclu des accords, le déménagement s’effectuait la veille, le jour et lendemain de Toussaint. On pouvait voir passer dans la campagne « des chariots chargés d’objets disparates, de denrées diverses, de meubles noircis, usés, dont chaque déménagement achève la dislocation. Tout cahot produit dans le chargement des crissements semblables à des plaintes étouffées ». Norbert Rosapelly causait avec des métayers au cours de leurs déménagements, provoquant leurs confidences. Tous exhalaient leur rancœur contre la terre qu’ils quittaient, de leurs efforts vains, d’un mauvais sort qui s’acharnait sur eux, d’un malheur qui leur collait à la peau. Les plus vaillants étaient plus optimistes, caressaient des espoirs moins décevants, des projets plus faciles sur le nouveau domaine qu’ils allaient occuper. Rosapelly les quittait sur une parole de réconfort et d’encouragement. Il les voyait continuer « leur pitoyable voyage un moment interrompu ». De ces entretiens fugitifs, se dégageait une profonde mélancolie. Il gardait en tête « ces convois minables disparaissant au tournant d’une route sous un ciel bas et gris, dans les dernières clartés d’un jour finissant de novembre ! ». Abordons un sujet plus gai : les miches (truses) de Pouzac se dégustaient le jour de la Toussaint. D’une consistance entre poussière et pâte, la miche coupée en rouelles dans une coquelle était tournée longuement. Additionnée de beurre fondu, de sucre, de fleur d’oranger ou d’écorce de citron, au bout d’une heure et demie, on découvrait un mets savoureux. Les Pouzacais la mangeaient avec les doigts. Les truses de Pouzac saturées de beurre de Campan « apparaissaient dans l’éclat doré de leurs charmes ». Elles étaient sur toutes les tables bagnéraises soucieuses de respecter les saintes traditions. À suivre…

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