82 – Us et coutumes dans les H.P

L’espèlouquère – C’est bien connu, le dépouillement du maïs était l’occasion de réunions vespérales des plus animées et des plus joyeuses, nous conte Norbert Rosapelly. Plus qu’un amusement, presque une fête. Dans un coin de la grange, étaient déposés en monceaux les épis à dépouiller. L’éclairage des travailleurs se faisait aux chandelles de résine. Les voisins et voisines étaient venus se regroupant par « groupes sympathiques » et le travail se prolongeait tard dans la nuit. Un jeu faisait fureur pendant ces longues soirées. Les jeunes et les vieux rivalisaient aux devinettes « la plupart inspirées et formulées instantanément ». Tous les assistants attendaient les châtaignes bouillies dans leur peau (sabates) arrosées d’un vin nouveau (bi-bourret) qui émoustillait rapidement les participants. Et puis, un jeu traditionnel commençait. Il s’agissait de lancer adroitement un épi de maïs sur une chandelle plongeant dans une obscurité propice les groupes de travailleurs, « provoquant des cris, des fâcheries passagères, des rires ». À Capvern, les séances quotidiennes de l’espèlouquère se clôturaient par un bal. La veille de la Toussaint était marquée par la sonnerie du glas des morts. Lugubre, elle tintait toute la nuit. Cette sonnerie nocturne était l’occasion de beuveries dans les églises. Les sonneurs d’occasion prêtaient la main au sonneur officiel et se préparaient à célébrer joyeusement la fête des morts. Ces sonneries et ripailles tendaient à cesser à la fin du XIXe siècle. Le compte du Garde d’Andrest note, en 1663 « Plus fait despance de deux pots de vin et deux souls de pain pour le Magnificat de tous saints et de Noël ». En 1691, la nuit des Trépassés coûtera le double. Les marguilliers d’Estansan (canton de Vielle-Aure) portent dans leur compte de 1768 avoir dépensé « le soir de la Toussaint, 3 pots de vin pour la collation des Consuls, marguilliers et chantres, 1 livre (20 sols = 1 livre Morlane). Les changements de métairies (muderes) avaient lieu à la Toussaint (Marterou). Les maîtres et métayers ayant conclu un accord, le déménagement s’effectuait la veille, le jour et le lendemain de Toussaint. À suivre…

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