Sur la sanglante journée du 22 août 1914, à Bertrix, en Belgique luxembourgeoise, cet ouvrage est une somme (1). L’auteur est allé bien au-delà de ce que promet le titre. Il recherche, étudie, analyse bien des aspects de cette guerre monstrueuse à travers des témoignages bouleversants. Je ne peux mieux écrire que de paraphraser l’éditeur qui, dans sa 4e de couverture, affirme : « Les débuts de la Grande Guerre ont été les plus meurtriers. Le 17e Corps d’Armée de Toulouse connaît son premier combat à Bertrix, dans les Ardennes belges. Les Ariégeois, Tarn-et-Garonnais, Gersois, Lot-et-garonnais, Haut-Garonnais, Lotois engagés y subissent une défaite écrasante. En 6 heures d’affrontement, sur un front seulement de 6 km, 38000 hommes y font leur baptême du feu et y découvrent la nature de la Grande Guerre : un ennemi invisible sur un champ de bataille saturé de projectiles, une mort anonyme et statistique où la valeur du soldat n’a aucune influence». Ce pavé historique fera le bonheur des jeunes chercheurs et des lecteurs qui veulent connaître les raisons profondes d’une décision d’État-major, celles d’un généralissime en chef qui ne partage aucune information avec les politiques, ni les généraux d’armée, qui écoute seulement son « réservoir d’idées », jeunes officiers supérieurs poussés par un désir impérieux : « l’offensive à outrance » en réponse à une défensive majoritaire et fatale, en 1870. L’auteur a su éplucher pour nous les données statistiques des six combats de Bertrix : « record de tués, banqueroute, sanitaire, prisonniers en masse, exactions sur les civils belges, fugitifs en errance entre les lignes, campagne de presse antiméridionale ». La pensée militaire dominante de l’époque est mise en accusation car « la catastrophe ne fut pas fortuite », assure-t-il. J’ai lu quelques livres et grandes enquêtes sur ce terrible 22 août. Mais cet ouvrage est plus complet, il fera date. Je propose qu’il entre dans nos classes d’Histoire. À lire absolument.

(1) «Mourir à Bertrix – Le sacrifice des régiments du Sud-Ouest le 22 août 1914 » de Laurent Ségalant – Éditions Privat – 973 p – avril 2014 – 25 € TTC.