Albert de L’Espée

L’histoire du baron Albert de L’Espée (1852-1918) commence au Second Empire (1). La famille de L’Espée est composée de militaires enrôlés au 7e Rgt de Dragons, alliée aux plus grandes dynasties des maîtres de forge de la Lorraine : Gargan, de Wendel fondateur des aciéries du Creusot et des hauts-fourneaux d’Hayange, Knutange, Moyeuvre, Florange, etc. Catholiques austères et monarchistes, ils sortent presque tous de Saint-Cyr ou Polytechnique. Notre héros Albert est le vilain canard de la parentèle. À 10 ans, il contracte une bronchite chronique qui l’affaiblira toute sa vie. Marie de Gargan, sa mère richissime, restera inconsolable de la perte de son époux Édouard de L’Espée. Elle assurera une rente confortable à ce fils aîné qui ne suivra pas la trace de ses aïeux militaires ou industriels. À 11 ans, il se passionne pour le piano et l’harmonium de l’abbé Scadot, curé de Froville. Fragile de santé, il suit une scolarité avec l’abbé Wendling, précepteur instruit, philosophe, lettré et…sévère. Grec, latin, mathématiques, histoire, lettres, passeront avant musique et rêveries. Corpulent et de grande taille, on le remarque. En 1866, la maison de Wendel est au plus haut : 19 hauts-fourneaux, 120 fours à puddler, 135000 T de fonte, 112500 T de fer, des km de rails. Mais le désastre de 1870 s’annonce. Défaite de Napoléon III à Sedan, obligation d’opter pour la nationalité française en octobre 1872. La Lorraine devient prussienne. Henri de Wendel se sacrifie. Allemand, il permet à sa famille de rester français. Albert commence, alors, une vie d’errant très fortuné. Il n’a qu’une obsession : acheter un orgue de cathédrale, l’équivalent de celui de Saint-Sulpice, sa quête ultime ! Il se mariera d’amour avec Delphine de Bongars, aura une maîtresse Biana Duhamel, mais ce globe-trotter, amoureux fou de ses chiens, construira sur la hauteur d’Ilbarritz-Bidart une propriété originale autour d’un orgue-clavecin-piano gigantesque… Des descriptions dignes de Zola, des photos historiques, un récit documenté que je recommande vivement.

 

(1) «Albert de L’Espée» de Christophe Luraschi – Éditions Atlantica – 254 p – Juillet 2013 – 19 € TTC.

 

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