Teillage du lin – À partir du 25 septembre, chaque propriétaire du Montanérez filait, avec ses domestiques, femmes et hommes, le lin de ses champs et la laine de ses troupeaux. Norbert Rosapelly constate que le tac, toc-toc du métier à tisser ne s’entend plus guère que dans de rares chaumines. Le cliquetis des broies (barguo) ne sera plus répercuté par les échos des grands bois. Le teillage du lin était l’occasion de joyeuses réunions. Le lin était apporté, aux ouvrières formées en cercle, par la personne chargée de le faire chauffer sur un four improvisé pour en faciliter le teillage et toute la journée langues et palettes marchaient également en cadence jusqu’à une heure avancée de la nuit. Le dernier soir, un battement particulier, « une poste », prévient les jeunes gens du village que les ouvrières vont souper. La nourriture et l’assistance réciproque sont le seul paiement de ces journées de travail. Et bientôt, des nombreux sentiers de la lande, des carrefours du village, débouchent les jeunes gens venant à la rencontre de leur promise. Ces soirées se sont souvent terminées par un bal au clair de lune ou sur l’aire d’une grange, à la lumière fumeuse d’une chandelle de résine, au son de la flûte à trois trous et du tambourin. En 1650, vingt cavaliers furent logés à Estampes, leurs chevaux étaient à Miélan. On fit broyer du lin aux femmes pour empêcher que le tumulte ne fût entendu. Les vingt cavaliers furent tués en une nuit et enterrés dans une fosse. On les demanda inutilement, le secret fut inviolable. Un chien découvrit les cadavres. Les paysans furent punis. Le seigneur se sauva en Espagne. Il fut condamné à mort et son château serait rasé. Un exempt de la maréchaussée se rendit à Estampes et employa la poudre pour faire sauter le château. La dame du lieu, qui était de la famille d’Auson, était en prière dans l’église pendant l’exécution. L’exempt voulut lui permettre de sauver les meubles mais elle ne voulut pas profiter de cette politesse. Le seigneur d’Estampes revint depuis dans le lieu et fit voir son innocence. On accusa le seigneur de Monlezun-Saint-Lari d’avoir donné des mémoires contre lui. À suivre…