«Chaque homme porte une légende. Comme une écharpe autour du cou, des photos rangées dans un tiroir, un chapelet des douleurs ou un duvet de rêves préservés» (1). Mathieu Bisséni Yethna Bi N’Kondock est né en 1950, à Berbérati, en Centrafrique, dans cette région de Haute-Sangha proche des savanes du Cameroun et de la forêt équatoriale. L’enfance africaine de Mathieu se passe dans l’enclos de ses parents, au quartier Rosine. Ils sont aisés et possèdent un four à pain. Leur commerce marche bien. Ils vendent des beignets, du café au lait, de la bouillie de riz ou de manioc. Ils ont une machine pour écraser le manioc et le transformer en farine, une autre machine pour écraser la chair rouge du fruit du palmier et produire la précieuse huile de palme. Mathieu baignera dans une ambiance de christianisme, entouré de missionnaires, capucins ou maristes et l’éducation stricte du père issu des Bassas. Ce grand gamin excelle dans l’athlétisme, le saut en hauteur, le lancer de poids; mais, sa passion, c’est le football au poste de gardien de but. Au «Collège Normal» de Berbérati, Frère Claude Ligeon devient son premier entraîneur de basket. Mathieu croit à la magie des chiffres, particulièrement le 15. Il arrive à Orthez le 15 octobre 1971, il remporte la coupe Kovacs, en finale du championnat d’Europe, avec le n° 15. Les plus grands clubs de basket de la planète veulent l’enrôler. Peine perdue. À 16 ans, il est déjà dans la sélection de Centrafrique. Il fréquente l’université de Yaoundé où il étudie le droit et l’économie. C’est Pierre Seillant, l’emblématique président d’Orthez, qui le décide à venir en Béarn. Il en sera l’emblème, la coqueluche. La halle de la Moutète chavire devant les exploits de ce géant vert et blanc. Il épouse Claudia et connaît les affres d’une reconversion douloureuse. On le croise aux Rencontres de Maubourguet, Fête du piment à Espelette, Olympiades de Bacchus dans les châteaux bordelais. Une vraie célébrité. Un récit en forme de puzzle tout imprégné de chaleur humaine.
(1) «Mathieu Bisséni – De Berbérati à Orthez» de Jean-Pierre Delbouys – Éditions Gascogne – 170 p – Septembre 2013 – 15 € TTC.