Mai et mais – A Vic-en-Bigorre, les enfants conservaient l’habitude de dresser à l’angle des rues, dans les passages fréquentés, les dimanches du mois de mai, de petites chapelles. Après avoir recouvert de serviettes le dossier et le siège d’une chaise, ils les piquaient de fleurs printanières. Plaçant une statuette de la Vierge sur cet autel improvisé, ils l’entouraient de bouquets, de gravures d’Épinal aux couleurs voyantes, d’images de sainteté sous verre. Norbert Rosapelly y a vu la photographie de personnages politiques. Cette petite chapelle était quelquefois entourée de jonchées. Les enfants imploraient ensuite la générosité des passants. « Dans les villages et les petites villes, au lendemain des élections, les jeunes gens plantaient un arbre devant la principale porte d’entrée de la demeure qu’ils voulaient honorer; des étrennes recueillies, ils festoyaient bruyamment le dimanche suivant ». On plantait aussi des mais avec arcs de triomphe, banderoles portant des inscriptions élogieuses devant la demeure de nouveaux mariés que l’on voulait particulièrement fêter ou d’un fonctionnaire auquel on souhaitait la bienvenue. Pendant la nuit du 30 avril au 1er mai, les garçons plantaient des mais devant la demeure des jeunes filles. Craignant d’être dérangés et pour aller plus vite, ils accrochaient à la porte d’entrée quelques branches de l’arbre choisi. Chaque végétal avait une signification; la malice n’était jamais loin de la galanterie. Le laurier signifiait la vertu, la noblesse de cœur; le chêne, le courage, la grandeur d’âme; le peuplier traduisait la hauteur de caractère. A contrario, l’aune traduisait la bassesse d’esprit, le tremble, la légèreté. Le figuier s’employait pour la mauvaise conduite ainsi qu’une branche supportant un nid de pie. À défaut d’arbres, des bouquets de fleurs étaient offerts. Une branche d’aubépine fleurie ou des fleurs de la saison s’adressaient à la sagesse; un chou était réservé à la vulgarité. Dans la matinée du 1er mai, de très bonne heure, les parents allaient voir le mai offert à leurs filles. S’il n’était pas à leur goût, ils l’enlevaient. Les voisins auraient pu le voir. À suivre…