60 – Us et coutumes dans les H.P

Moulins et moutures – Peyrot de Caixon a porté son grain à moudre ailleurs qu’au moulin seigneurial de l’Évêque, au mépris du droit de banalité. Norbert Rosapelly nous dit qu’un long et coûteux procès devait s’ensuivre. Il s’obligea « de faire une réparation publique au seigneur, le dimanche suivant, jour de Pentecôte, à l’issue de la messe, sur le devant de la porte principale d’entrée de l’église du lieu de Caixon, en présence des consuls et des habitants ». Et il promit de payer au meunier de la commune la « pignore » de deux mesures de grains, l’une de froment et l’autre de milloc, qu’il était allé moudre dans un moulin étranger. Au début du XXe siècle, il était interdit, encore, aux cultivateurs de faire moudre leurs grains ailleurs que dans le moulin de leur village. La raison peut être donnée par les arguments suivants. La plaine de Tarbes était truffée de moulins. Les villages se touchaient et chacun avait un moulin, parfois deux. La jurisprudence voulait que le propriétaire d’un moulin fût, en même temps, propriétaire du canal et des eaux qui y coulaient. Or, les cultivateurs ayant rarement un titre qui les assuraient de la jouissance des eaux du canal d’amenée pour l’irrigation de leurs prairies, et qu’ils n’en jouissaient que par la tolérance du propriétaire de « l’usine », le meunier, qui représentait ce propriétaire, leur refusait les eaux s’ils avaient abandonné le moulin banier de leur village et « trahi » en quelque sorte le propriétaire coutumier. Ainsi, l’abandon d’un moulin seigneurial entraînait la privation des eaux d’irrigation et, sans cette irrigation, ils ne pouvaient espérer qu’une faible quantité de foin et pas de regain. Donc, « la concurrence favorable aux cultivateurs, laissait subsister l’ancien droit féodal qui obligeait tous les vassaux à faire moudre leurs grains au moulin du seigneur ». Le droit de mouture était égal au 1/25e des grains moulus par la meule, soit 4 litres par hectolitre. Mais, les meuniers s’ingéniaient et réussissaient à tromper le client en augmentant le prélèvement, d’où le dicton populaire : « On peut changer de meunier mais pas de voleur ». À suivre…

 

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