Mémoire du pays Toulousain

En 333 pages, les mémoires multiples du département de la Haute-Garonne sont abordées (1). L’ambition est forte et le magistral pari est bien tenu. Saluons le travail de l’équipe des 23 professeurs d’université qui réalise un excellent résumé des histoires, toutes passionnantes, de notre capitale régionale. Des regards croisés sur les nombreuses archives de la Cité aux rappels des heures sombres de l’occupation allemande et des exactions nazies avec leurs complices de la Milice, aucun épisode marquant des pays de Garonne n’échappe à l’analyse pédagogique et documentée, d’auteurs inspirés. Je crois que Fernand Braudel, chaud partisan de la longue durée en histoire, aurait apprécié ce camaïeu d’histoires d’hommes fiers de leurs origines et solidaires, avec acharnement, de leur petite patrie languedocienne. Je ne remonterai pas à l’ère de l’abri d’Aurignac, mais j’ai lu avec grand intérêt les périodicités relativement brèves du bras de fer entre les Comtes de Toulouse et la bourgeoisie qui arrache sa liberté avec la mise sur le trône municipal des Capitouls, au XIIe siècle, la sinistre croisade contre les Albigeois, au XIIIe siècle, le feu et le sang pour les habitants réformés chassés du Pays, en 1562, l’affaire Calas, Dreyfus toulousain du siècle des lumières, en 1762, l’esprit Jacobin, sous la Révolution, s’opposant à la «Vendée» lauragaise, la création du département, en 1790, l’espoir d’une Espagne républicaine fuyant la Retirada, en 1939, pour trouver un refuge dans le chef-lieu du département et donner ses fils à la Résistance et à la libération du Pays. Et puis, il y a tous ces chapitres joyeux d’embellissement et de transformation de la Cité, de prospérité fluviale et agricole, de richesse artistique, culturelle, intellectuelle, religieuse, économique, sociale et sportive. Les mémoires du livre, des monuments aux morts de la grande Guerre, du musée de la Résistance et de la Déportation doivent réveiller notre conscience. Un grand livre à lire lentement et garder, précieusement.

 

(1) «Mémoires plurielles de la Haute-Garonne» de Christian Amalvi et Rémy Pech – Éditions Privat – Décembre 2011 – 39 € TTC.

 

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