L’Insoumis

Printemps 1914. Par un récit romanesque, l’auteur nous entraîne dans la vallée du Haut-Adour, au-dessus de Bagnères de Bigorre (1). La première partie de l’ouvrage est consacrée à Jean-Marie Arriou, berger de 29 ans. Ce beau garçon aux yeux verts est très courtisé par les villageoises en mal de prétendants. Dernier d’une fratrie de quatre enfants, c’est un solitaire qui a beaucoup appris à l’école primaire ainsi qu’avec l’abbé Léon Sarrède, curé du village, qui l’a pris en affection. À 1000 m d’altitude, Jean-Marie contemple l’aube naissante qui « effleure le hameau de bergeries bâties en pierres sèches et posées sur une large croupe providentielle ». Sa fidèle Frisquette ne le quitte pas. Le décor est planté. Ses brebis sont à portée de mains en compagnie de celles de voisins confiées à lui. Le sérieux pâtre est en estive dans la haute vallée dont il connaît toutes les grottes, pics, cols, gorges, cascades, panoramas, avant l’Espagne. Le garçon a été bien éduqué par un père décédé et bien conseillé par le curé. Samedi, ce sera la fête au courtàu. Ses amis Sauveur Beyrède, à l’accordéon et Paul Bédouret, au tambourin, accompagneront sa mandoline qui ne le quitte jamais. La jeunesse du village grimpera pour entendre ces chœurs « virant en danses échevelées ». En bas, il y a l’école et la nouvelle institutrice Lucie d’Ancizan. Belle à damner un saint. Jean-Marie en a le souffle coupé lorsqu’il lui porte le bois de chauffage et ses « Mademoiselle » énamourées trahissent sa vive émotion. Fille d’un instituteur laïque, confident et modèle, Lucie lui révèle ses premiers émois amoureux. Après une visite aux ruches de Jean-Marie, là-haut, elle est sûre de son avenir. Ce sera, ici, dans la famille Arriou. L’ordre de mobilisation du 2 août chamboulera en profondeur la vie de ce village pyrénéen. Faut-il quitter Lucie et petit Pierre pour sauver la Patrie ? La suite est une merveille de récit. L’écriture est belle, sensible, tendre, réaliste, et l’analyse des immenses dégâts du grand conflit sur la population rurale vaut bien une thèse. Bravo !

 

(1) « L’Insoumis» Nicolas Bardinet – Éditions Atlantica – Décembre 2013 – 13 € TTC.

 

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