La Lessive – Les bonnes ménagères ne laissaient à personne le soin de trier le linge à lessiver, le compter, l’entasser dans le cuvier, le couvrir de cendre finement tamisée, puis le couler. Le travail de la lessive durait plusieurs jours. Coulée, on procédait au lavage : langues et battoirs ne s’arrêtaient pas de la journée. Tordus vigoureusement, les draps de lit, chemises et torchons flottent au vent sur des cordes tendues aux arbres ou sur des piquets dans les prairies. Le menu linge sèche placé sur les haies de clôture. Ce spectacle enchante Norbert Rosapelly : « Vues de loin, ces tâches mouvantes sur la tonalité changeante des récoltes sur pied et du verdoiement des prairies, sont une joie inoubliable de l’œil ». Après le séchage, le pliage a lieu sur place si la journée a été assez chaude. Le lendemain, le repassage des pièces les plus fines est effectué. Le linge à ravauder est placé dans de grands paniers d’osier. L’odeur particulière de la lessive dépose dans la chambre un parfum apprécié. Des dictons ont la peau dure. Si la lessive est faite pendant la pleine lune, le linge se lavera plus facilement et sera plus blanc. Il ne faut pas couler la lessive la semaine sainte, ni celle de la Fête-Dieu pour éviter que l’image d’une hostie ou d’un ostensoir ne s’imprime sur le linge. Le pain fait avec le levain de ces semaines-là, moisira ainsi que tous les pains de l’année. En 1571, à Guchen, il fut distribué à ceux qui lavèrent l’église, 2 pichets de vin plus 16 ardits. En 1608, les marguilliers d’Estansaguet donnèrent aux filles qui firent la lessive pour l’église 1/2 coupeau de froment et offrirent une collation avec 5 sous de beurre et 5 sous et 6 deniers de miel. En 1615, à Guchen, on donna aux filles 2 pichets de vin pour faire la « buée », le vendredi saint, avec 6 sous et 6 deniers. En 1710, le marguillier d’Estansan dépensa 1 livre et 16 sous pour « le monument du jeudi saint et le blanchissage du linge de l’église ». Remercions les folkloristes Norbert Rosapelly (Bigorre), Léonard Pène (Barousse), Jacques Bégouën et Joseph Vézian (Haut-Couserans), pour le glanage d’un matériau si précieux. À suivre…