56 – Us et coutumes dans les H.P – Le carême civique

Le Carême civique prescrit aux Bigourdans par Monestier du Puy-de-Dôme, Représentant en Mission, le 16 mai 1794, vaut son pesant de cynisme. Il lance un appel à la population en cinq temps. 1 – « Hommes des Pyrénées, Montagnards du Midi, vous êtes accoutumés à une vie simple et frugale : la garbure et la cuisse d’oie sont pour vous des mets délicats… ». 2 – « Déjà les fèves et les pois, les choux et les oignons, les racines et les menues herbes vous offrent une subsistance abondante, agréable et salubre; levez les yeux et voyez le cerisier, le prunier, le poirier, le pommier… ». 3 – Évocation poétique du Révolutionnaire en pays de dindes, d’oies, poules, brebis, chèvres, vaches, veaux, moutons, agneaux. 4 – Mais, l’intention se précise « Qu’il est facile avec des provisions de ce genre de renoncer pour quelques décades à se nourrir de bœuf, de veau, de mouton et d’agneau». 5 – Pour en venir au fait : « Qu’il est facile de réserver les bœufs et les moutons pour l’Armée ! ». Les exhortations de Monestier firent long feu. Il n’empêche que le carême bigourdan pouvait revêtir une rigueur extrême, une austérité primitive, comme le précise Norbert Rosapelly, « Par esprit de mortification, des priseurs déposaient leur tabatière qu’ils ne reprenaient qu’à Pâques ». En 1690, à Vic-en-Bigorre, on demanda la permission de manger des œufs pendant le carême, le 9 février, car « la guerre empêchait qu’on n’eût de sardines, qu’il n’y avait que la morue gâtée et fort chère ». À Aulon, le jour du Mardi gras, toutes les femmes étaient occupées à faire des crêpes à la poêle du matin au soir. À moins de haine ou de grande animosité, tous les habitants devaient se rendre visite réciproque, manger des crêpes et boire du vin, ce qui occasionnait un va-et-vient continuel jusqu’au lendemain. Les vertus de tempérance et de sobriété étaient inconnues ce jour-là. On se reposait le Mercredi et peu de personnes manquaient à la distribution des cendres. Dans certaines communes, les réjouissances de Carnaval se prolongeaient du village au chef-lieu de canton. À suivre…

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