La saga des Griet

Au milieu du XIXe siècle, le bourg d’Ancizan (Hautes-Pyrénées) connaît une grave crise du textile (1). En 1856, son Maire déplore 150 ouvriers au chômage et 600 personnes manquent de pain. La population commence à se disperser en France et en Amérique du Sud qui recherche de la main-d’œuvre par voie d’affiches. Pourquoi retarder le départ vers ce nouvel eldorado ? Trois frères, fils de Jean-Bernard Griet Bascou, fabricant de toile, et Jeanne Marie Crouau quittent la France pour l’Argentine, en 1853. L’aîné, Jean Bertrand Griet, prend la succession de la fabrique de son père et d’une pièce de terre. Après le décès de sa première épouse, il convole avec Dominiquette Valentine Duchan qui lui donne six enfants. Deux filles resteront en vallée d’Aure. En 1888, Guilhaume Griet, embarque à Bordeaux, sur « l’Équateur ». Il a 16 ans. Accompagné par son demi-frère Michel, ils débarquent à Buenos Aires où ils retrouvent Jean-Marie, fils de Jean Bertrand, parti avant 1882. Ils se spécialisent dans le traitement et l’exportation des cuirs. Puis, ils se dirigent vers la province de Santa Fe, sur le territoire du Chaco. La réussite est immédiate. Un domaine de 3300 ha, un cheptel de 6600 vaches, 3000 chevaux et 2000 moutons. Mais le climat est rude et les animaux sauvages. De plus « il faut défendre sa vie contre les peaux-rouges du Chaco qui n’hésitent pas à enlever les troupeaux et à massacrer des familles entières ». En 1891, ils achètent une propriété à Villa Ocampo, vaste étendue en pleine colonisation. Michel et Jean-Marie resteront à Buenos Aires, Guilhaume assurera la gestion du nouveau domaine. « Il améliore les races ovines et chevalines, introduit des espèces nouvelles comme une variété de sorgho dont il tire un alcool de qualité utilisé dans les vernis et la parfumerie. À tel point que ses frères créeront bientôt une fabrique de parfums à Buenos Aires ». Tous les ingrédients d’une saga familiale sont présents. Il faut lire cet ouvrage bilingue documenté, précis, qui se lit jusqu’au bout, comme un roman d’aventures.

 

(1) « De la vallée d’Aure en Argentine » André Galicia – Éditions Livres en Bigorre – Juillet 2013 – 15 € TTC.

 

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