44 – Us et coutumes dans les H.P – Les abeilles

Frédéric Soutras, poète bagnérais, les appelait « filles de l’aurore ». En Bigorre, les croyances qui entourent cet insecte, qu’il soit domestique, sauvage, solitaire ou social, sont mudeples. Les abeilles, disaient les paysans, ne devaient être vendues car, elles ne pouvaient vivre que données ou mises en cheptel. Les abeilles vendues ne vivant pas, les ruchées du vendeur ne prospéraient plus. Plus d’imagination que de connaissance des mœurs de l’abeille, ajoute Norbert Rosapelly. En payant très cher et en mettant en jeu l’influence de quelque personnalité locale, on décidait un villageois à vendre un essaim. Ce dernier ne livrera que « la colonie la plus tardive, celle qui aura emmagasiné juste assez de provisions pour passer l’hiver et arriver aux premiers beaux jours ». Si le printemps n’était pas clément, l’essaim mourrait de faim. « Quant à la mort des ruchées restant chez le vendeur, celui-ci ne doit accuser que lui-même, l’étouffage et la fausse teigne ». Il ne fallait ni jurer aux abords d’un apier, ni injurier les abeilles. Au décès d’un apiculteur, « sa famille devait en faire part aux abeilles et placer une étoffe de deuil sur les ruchées pour ne pas les voir périr dans l’année ». L’apiculteur entoure les opérations pour les abeilles d’un certain mystère. Ses connaissances en apiculture font l’objet d’un secret absolu. Rien n’est communiqué à ses proches. À sa mort, plongée dans la douleur, sa famille qui n’entend rien à la conduite d’un rucher, oublie ces « industrieuses mouches ». Les « Brugnous » – ruches – sont posés à terre ou sur des bancs, très bas, enveloppés d’herbes, couverts de paille et de quelques tuiles les protégeant à peine de la pluie. Les capuchons de paille n’étant jamais nettoyés et renouvelés servaient de refuge aux rats, aux guêpes, etc. On imagine aisément que les ruchées seraient envahies par la fausse teigne et qu’elles seraient épuisées par le jet d’autres essaims. Personne dans la famille ne sachant recueillir les essaims qui remonteraient le rucher, la coutume barbare de l’étouffage achèverait bientôt de les faire périr. À suivre…

 

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