De nombreux ouvrages ont décrit l’exode des Républicains espagnols vers les camps français : Agde, Argelès-sur-Mer, Bram, Gurs, Le Vernet, etc. Mais très peu de livres bien documentés sur le sujet corollaire : l’antifranquisme (1). Dans les manifestations publiques, ceux de ma génération ont connu les épisodes de la haine du Caudillo dictateur et les explications sans fin des exilés, dans nos quartiers. Les municipalités de notre région, syndicats et partis politiques de gauche, ont eu à cœur de soutenir et aider ces déracinés qui, pour beaucoup, se battirent pour libérer le territoire national puis connurent des destins fort divers. Toulouse était «capitale de l’exil». À Bayonne, à Tarbes, d’Hendaye à Perpignan, les sigles du PSOE (Parti socialiste espagnol), PCE (Parti communiste espagnol), CNT (Confédération nationale du travail) et UGT (Union générale du travail) étaient connus de tous les travailleurs. Les militants et sympathisants français furent partie prenante de cette lutte. Manifestations bruyantes et spectaculaires, encerclements des consulats ibériques aux cris de «Fuera Franco», solidarité antifasciste indéfectible du peuple de gauche, extrême gauche et ultra-gauche, semblaient devoir emporter bientôt le féroce Général. Hélas… Après la mort de Franco, en 1975, la situation politique évolue. En France, les commémorations se raréfient, les fils et filles d’exilés «politiques» sont devenus français, les exilés «économiques» affluent, dès 1950. Mais les deux camps ne se comprennent plus. La République est morte. Juan Carlos vient en France, en 1976. La Monarchie constitutionnelle rétablit la liberté de la presse et celle des syndicats ouvriers, ouvre les prisons. Les Français sont heureux… ils se ruent sur les plages de nos voisins. Félicitations aux quatre auteurs pour ce magistral ouvrage. Il ne devait pas être facile de démêler avec objectivité les actions foisonnantes de toutes les parties en présence.
(1) «L’antifranquisme en France, 1944-1975» – Violette Marcos, Danièle Chenal, Juanito Marcos, Annie Rieu Mias – Éditions Loubatières – avril 2013 – 19 € TTC.