Le portraitiste des Basques

Jean-Paul Tillac est né à Angoulême, le 14 avril 1880. Son père, professeur agrégé, enseigne le latin et le grec au lycée de la ville, sa mère est fille de petits industriels de la Dordogne (1).Très jeune, Jean-Paul s’adonne au dessin d’animaux domestiques. Baccalauréat en poche, il poursuit ses études à l’École des Beaux-Arts de Paris. Il se passionne pour les pensionnaires du jardin des Plantes. Diplômé graveur certifié, il rompt avec un destin tracé et adopte une «stratégie d’artiste-voyageur». À Londres, en 1904, New York, Floride, Louisiane, Texas, dès 1906, Cuba, en 1909, il croque à profusion le melting-pot américain. Rentré en France, en 1910, il repart en Espagne «sa seconde patrie». À la Puerta del Sol de Madrid, il portraiture «les miséreux, les militaires, les promeneurs, les garçons de course, les barbons, les gitanes, les aveugles et les mendiants». La déclaration de guerre de 1914 l’oblige à rentrer en France. Il est réformé pour raison de santé. Pour se venger, il dessine tous les militaires qu’il rencontre : russes, tunisiens, marocains, etc. Il s’installe à Cambo-les-Bains, en 1919, précédé par sa mère qui tient une petite pension de famille et son frère victime de la grippe espagnole. Il s’éprend de la culture basque. Vivant chichement, son logement est spartiate. Ce petit homme sec arpente les rues du village et croque tout ce qui ressemble à une expression humaine dans l’exercice de son métier ou de son art. Il est anthropologue et ethnologue à la fois. Persuadé que le Basque descend des Ibères, il comprend que l’antériorité est plus complexe. Sept mille croquis plus tard, l’artiste, farouchement secret et indépendant, léguera, en grande partie, ses eaux-fortes, gravures, fusains, pastels, gouaches, huiles, au Musée basque de Bayonne. Décédé en 1969, Pierre Espil, l’ami fidèle, le qualifiera de «Basque par le cœur et par le talent». Je recommande cet ouvrage magnifique pour les nombreuses illustrations de pablo Tillac et le style flamboyant de l’auteur.

 

(1) «Pablo Tillac, le portraitiste des Basques» – Pierre Minvielle – Éditions Atlantica – Mars 2013 – 25 € TTC.

 

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