«Fils d’un magistrat palois ruiné par des expériences sur le Gave de Pau, Louis Armand de Lom d’Arce, baron de Lahontan, s’engagea à 15 ans dans les armées du Roi et partit pour la Nouvelle France» (1). Il y séjourna entre 1683 et 1693 et en rapporta ses «Nouveaux voyages en Amérique septentrionale». Dans une lettre à Seignelay, il révèle que son père a dépensé 300000 écus «pour grossir les eaux des deux gaves béarnais» et permettre à la barre de Bayonne le franchissement par de plus gros bateaux. «Sans avenir en France et gentilhomme à la noblesse incertaine», il choisit l’aventure et le métier des armes. En mai 1684, il visite les environs de Québec, l’Île d’Orléans et Montréal. On l’envoie garder le fort Frontenac sous le commandement de La Barre. Vingt jours pour l’atteindre, alternant «canotage et portage», la troupe affamée et malade doit négocier avec les Indiens et regagner Montréal. IL fait connaissance avec le froid nord-américain et côtoie les terribles «maringoins», gros moustiques virulents. Soldat libertin, il prend parti contre les sulpiciens et leur «zèle indiscret». Il a découvert les Amérindiens et chassé avec les Algonquins dont il apprend la langue. Il fait la connaissance du chef indien Kondiaronk. Ses ennemis, à lui, sont les marchands et les ecclésiastiques. Il est en congé, en 1691. À Versailles, il met ses espoirs dans la protection de Pontchartrain, ministre de la Marine, à qui il annonce la victoire de Québec. Espérance déçue. Ses états de service sont trop minces et sa réputation douteuse. Nommé «Capitaine réformé», sa carrière militaire sera subalterne. Il est affecté à l’Isle de Terreneuve pour «soulager» le sieur de Brouillan dans ses fonctions. Ce dernier n’accepte pas. Le Baron déserte, le 14/12/1693 et rentre en France. «Persona non grata» dans tous les ports, il s’exile et devient espion pour l’Espagne, la Hollande, l’Angleterre. Ses écrits seront remarqués par Leibniz avec la faveur des princes allemands de Hanovre. Le 21 avril 1716, décède «le très illustre seigneur baron de Lahontemps». Un excellent ouvrage.

(1) «Louis-Armand de Lom d’Arce, Baron de Lahontan» – Christian Desplat – Éditions Gascogne – Janvier 2012 – 15 € TTC.