La gare internationale de Canfranc est devenue au cours de la deuxième guerre mondiale un lieu stratégique pour les réseaux d’espionnage des Alliés (1). Cet ouvrage fait suite à «Canfranc et l’or des nazis» publié par les éditions Atlantica, en 2010. La gare frontière de Canfranc est située à 4 km, au nord, du village espagnol. Ce splendide édifice est inauguré, en 1928, en présence du roi Alphonse XIII, du général Miguel Primo de Rivera et du Président de la République française Gaston Doumergue. Aujourd’hui, il est en ruines, après 42 ans d’inactivité (1970). La nef, qui servait de douane, «abrita pendant longtemps les papiers secrets du trafic de l’or (86 T) entre la Suisse, L’Espagne et le Portugal grâce auquel le IIIe Reich payait le tungstène et le fer espagnol de ses machines de guerre». L’auteur, journaliste à l’Heraldo de Aragon, a voulu retrouver les témoins vivants, largement octogénaires, de cette période intense 1940-1944. Après une enquête longue et minutieuse, il a pu recueillir de précieux témoignages sur l’activité d’espionnage d’une organisation patriotique composée de 30 personnes – Français, Basques, Aragonais – qui fournissait des informations militaires vitales sur les troupes allemandes en France, sur les troupes espagnoles et sur le trafic de marchandises stratégiques convoyées par la ligne Pau-Canfranc. Le régime de Franco qui se disait «neutre» auprès des Alliés, jouait un double jeu en aidant le régime hitlérien avec qui il avait passé un accord secret, à Hendaye, en octobre 1940. Cet ouvrage fourmille de noms, de dates, de faits, de lieux, preuve du sérieux de l’enquête. Les familles de Juan Astier Echave, arrêté et condamné par Franco, Albert Le Lay, principal agent de liaison allié avec la Résistance française, Lola Pardo, collaboratrice de l’espionnage allié, Elena Richard, fille d’un collaborateur du gouvernement de Grande-Bretagne, tiennent la trame du récit. Un livre puissant, haletant, qui réhabilite et conserve la mémoire historique méconnue d’une porte des Pyrénées aragonaises.
(1) « Canfranc nid d’espions » – Ramon J. Campo – Éditions Atlantica – décembre 2011 – 22 € TTC.