19 – Us et coutumes dans les H.P – Les testaments (suite)

Les droits honorifiques de quelques seigneurs bigourdans sont fixés dans « L’État des paroisses ». À Gensac, « un banc distingué dans le chœur, le premier rang à la procession, à l’offrande, dans la distribution du pain bénit, pour l’eau bénite, pour l’encens et la recommandation aux prières de la messe paroissiale ». Le curé de Betplan se souvient que le seigneur du village « n’exige point les honneurs, seulement je lui ay présenté toujours l’encent ». Le curé de Caixon écrit : « Il a le droit d’exiger le premier coup d’aspersoir à ce qu’il m’a dit, quand il ne l’auroit pas je le lui accorderés ». En 1783, Jean-Pierre Ducasse, originaire d’Artagnan, est seigneur de Horgues et, à ce titre, jouit d’un banc à l’église qu’il a fait faire il y a dix-huit ans. Il a plaidé au Sénéchal contre les marguilliers un morceau de pain bénit et l’a obtenu. Jean Viau, curé de Horgues, précise : « Il a exigé un coup d’encensoir d’une manière distincte, séparément du peuple, en me tournant devers luy et un autre pour la dame son épouse et sa famille de la même façon. Il a été condamné avec dépens qu’il n’a encore payé ». Dans un « Mémoire instructif », ce curé précise ce que le seigneur entendait par « manière distincte ». Son adversaire qui l’assignait par exploit, le 5 janvier 1871, demandait « Je veux être aspergé distinctement. Si vous faites l’aspersion sur les autres paroissiens en dirigeant votre aspersoir comme ceci, c’est-à-dire de bas en haut, j’exige que vous le dirigiez pour moi comme cela, c’est-à-dire de haut en bas ». Et le bon curé Viau, après avoir fait l’éloge du précédent seigneur, de s’écrier : « Ah ! J’ai honte de le dire…encore une fois que les temps sont changés ! ». Encore un seigneur qui a dû souffrir le soir de l’abolition des privilèges. Fin observateur, Norbert Rosapelly note que les droits de préséance, dans les cérémonies de l’église, soulevèrent entre le clergé, les fonctionnaires de divers ordres et les notables de fréquents et interminables conflits. À suivre…

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