Le lendemain de fête, les hommes et les invités assistent à la messe en mémoire des morts de la famille. La maîtresse de maison, elle, ouvre ses armoires de linge et montre aux femmes invitées le lin filé. Elle n’oublie pas de faire voir les provisions de ménage, fière de l’épaisseur du lard pendu par deux anneaux d’osier tordu aux poutres enfumées. L’orgueil lui monte aux joues, souligne Norbert Rosapelly, quand elle montre les pots d’enclàuetat (quartiers d’oie ou de canard piqués de clous de girofle (clàuet) et confits à la graisse) rangés sur une étagère. Le folkloriste vicquois précise qu’elle triche même car quelques pots (toupios) recouverts de papiers graisseux étalent une panse rebondie mais vide. De retour de la messe, le chef de famille fait visiter ses étables et, « conduisant ses compagnons sur ses pièces éloignées, leur conte ses projets, supputant ce que les récoltes lui donneront de pistoles ». Tous se retrouvent « devant la maison commune, non loin du jeu de quilles (quilhè), où le curé ne dédaigne pas de se mesurer avec les joueurs les plus renommés, ont lieu les danses et les exercices de force, d’adresse : pousse-caillou, lance-hache, sauts divers ». Les champions des villages voisins se sont donné rendez-vous, luttant avec vigueur et légèreté. Rarement, des rixes éclatent à la suite d’un coup douteux, d’un exercice mal jugé. Les vainqueurs de la journée seront ceux dont les jeunes filles accepteront avec le plus d’empressement la main pour la danse et la compagnie pour se retirer, les jours de marché, de la ville voisine, la main dans la main, le bras libre enlaçant la taille en crochet (clouchet). La plupart des jeunes gens vont, le jour de la fête locale, avant les vêpres, donner des sérénades aux notables. « Des rafraîchissements leur sont offerts ainsi qu’aux musiciens mais surtout des pièces d’argent qui leur permettront de payer généreusement l’orchestre qui fera danser la jeunesse du pays ». À suivre…