Compagnons du Tour de France

«Ne pas s’asservir, ne pas se servir, mais servir» (1). Cette devise pourrait servir d’exergue à l’Union compagnonnique qui est une société de Devoirs. Ce terme entendu dans tant de films ou cité dans tant de reportages, englobe, ici : «les traditions, les règles, les symboles, les signes de reconnaissance, l’éthique et l’esprit liés à un métier du compagnonnage». Tout un programme…de vie. La richesse de cet ouvrage est, certes, un texte clair et profond ainsi que des images descriptives artistiquement floutées, qui nous font découvrir l’histoire ancienne de l’origine du compagnonnage mais aussi les différentes étapes auxquelles seront soumis les candidats à l’entrée dans cette communauté d’hommes tellement exigeante. Qualifiée à tort de secrète, elle est placée sous la tutelle de ses trois fondateurs : Salomon, Jacques et Soubise et cultive la fraternité, l’harmonie et la tolérance qu’ont inculquées Agricol Perdiguier et Lucien Blanc, au XIXe siècle. L’auteur a su interwiever quelques compagnons de tous les «pays» français. Le jeune homme qui, par une rencontre ou héritage du métier de son père, veut accéder à la quasi-perfection d’un métier manuel, va suivre le chemin ardu du compagnonnage avec ses trois étapes : postulant, apprenti, compagnon. Il faudra quitter sa famille pour entrer dans une «cayenne», abri de l’affection dirigé par la «mère», maman de substitution. Ici, on apprend le respect de l’autre, l’humilité, vertu cardinale, le savoir-faire et le savoir être. Cette quête de témoignages des anciens prend du temps. Trois ans, cinq ans, la soif perfectionniste n’est jamais tarie. Vocations précoces, révélations tardives, l’aspirant est toujours accueilli, aidé, conseillé, dirigé, secouru dans l’adversité. La perfection manuelle s’accompagne du changement profond de la personnalité. Célèbres ou modestes, ils se reconnaissent, s’accostent, se parlent et s’estiment. Un excellent ouvrage qui devrait susciter des vocations. 

(1) «Les Compagnons du Tour de France – Union compagnonnique des métiers et des hommes» – Textes Nicolas Bardou, photos Manuel Huynh – Éditions Privat – août 2012 – 26 €.


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