La belle Bleue

Des Mayas du Mexique à D’Artagnan du Gers, c’est la fabuleuse histoire de la chasse à la palombe (1). Si le paloumayre d’aujourd’hui croit que cette pratique est relativement récente, il n’en est rien. Déjà, il y a 30000 ans, la belle Bleue était traquée. Des figurations de l’oiseau ont été trouvées dans le puits de l’homme, à Lascaux, et sur un fragment de schiste gravé, à Isturitz. Au futur Mexique, à l’ère précolombienne des Aztèques, «la paloma torcaz illustrait leur calendrier agricole de son idéogramme stylisé». Le maïs, base de son aliment, était la nourriture bienvenue sur son chemin migratoire. Après Cortés, les colons venus d’Espagne firent de même. On retrouve la palombe «sur les pots à offrandes pour la fête des morts, supports de cierges dans les églises, jardinières de fleurs». De là à croire au culte… Jusqu’aux Mariachis qui inscrivent toujours à leur répertoire «La Paloma». Dans l’Égypte des Pharaons, on retrouve les pantes traditionnellement ancrés dans l’histoire de la palombe gasconne et les pantières verticales solidement maillées dans le terroir basque. Sous le stylet d’Aristote, les Grecs en auraient été friands. Les Romains la chassaient deux siècles avant J.C et la Gaule met en joue le ramier par ses arcs puis l’arquebuse des gentilshommes prendra le relais, aux XVIe et XVIIe. Dans notre Sud-Ouest, on compte deux types de chasse au filet qui remontent à Henri IV. En Pays gascon, «on s’en remet au ballet subtil des appeaux sur leur semet pivotant à la cime des pins et des chênes, orchestré depuis la palombière par tout un réseau de poulies et de fils». L’auteur nous entraîne dans la pratique de toutes les techniques pour leurrer la belle Bleue et l’amener au sol dans ses filets. Une manière de se faire pigeonner écrit Jean-Louis Guidez qui, dans ce petit traité fort documenté, manie l’humour et les références historiques. Un indispensable glossaire ferme cette démonstration talentueuse. J’ai beaucoup aimé.

(1) «Bleu Sépia – La palombe : Toute l’histoire» – Jean-Louis Guidez – Éditions Atlantica – décembre 2011 – 13 €.


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