Norbert Rosapelly fait état de charivaris de secondes noces. S’il s’agit d’un veuf, les jeunes gens de la localité lui « offriront » un charivari qu’il peut éviter moyennant une redevance estimée selon sa prétendue fortune. S’il refuse, le charivari a lieu pendant huit jours, jusqu’au soir du mariage, malgré les efforts de la gendarmerie et de la police ! « Un des acteurs débite, sur le ton récitatif, des strophes où la licence se mêle à l’ordure, contre les futurs époux, rappelant aussi les qualités ou défauts du défunt, qu’il termine par le cri « calliouari », couvert aussitôt du tapage le plus discordant de casseroles, clochettes, bramevaque, dominé du son rauque obtenu en soufflant à pleins poumons dans des cornes de buf ». L’ethnologue cite des charivaris ou l’incongru et le cruel se mélangent : arcs-de-triomphe de ronces, jonchées d’ordures, bouse brûlée sous le nez des conjoints, accompagnement d’un orchestre fantastique. À Pierrefitte, cornes, casseroles, grosses cloches, tous les instruments à chahut sont réquisitionnés. À cette époque, l’opinion publique réprouvait les secondes noces. À Aureilhan, un charivari assourdissant célèbre le mariage d’un homme de 70 ans et d’une femme de 60 ans. À Sombrun, une musique discordante fête jusqu’à minuit et demi le remariage d’une veuve. À Lourdes, le charivari devient grotesque avec poêles, poêlons et casseroles pour les veufs et veuves qui se remarient. Le quartier des Rochers du Champ-Commun est particulièrement visé. Un mardi de novembre 1910, une jeune femme qui vient de convoler pour la troisième fois est la victime d’un charivari infernal qui incommode gravement tout le quartier. L’administration semble impuissante. Déjà, sous le 1er Empire, le préfet Chazal menaçait de saisie, de prison et de dénonciation au Commissaire du Gouvernement « quiconque oserait s’y livrer au mépris du repos public et du respect dû au mariage légitime contracté sous la protection spéciale de la société ». À suivre…