Au début du XIXe siècle, la Garonne noffre pas des conditions favorables à la navigation (1).Seules, les embarcations légères peuvent utiliser le fleuve entre Toulouse et Bordeaux. Périodes détiage parfois trop longues, crues dévastatrices, bateaux ensablés, trop daléas pour un pilotage régulier. Les auteurs nous plongent au cur dun pari insensé : ouvrir un canal latéral au fleuve Garonne entre Toulouse et Castets-en-Dorthe (Gironde) afin de prolonger le canal du Midi, chef-duvre de Pierre-Paul Riquet. La réalisation sera effective entre 1830 et 1856. Je félicite les trois chercheurs et historiens pour nous avoir rendu facile la compréhension du projet. Selon ladage : «Un dessin vaut mieux quune longue discussion», les plans darchives en couleur nous remettent en tête les prouesses réalisées pour passer de rive droite en rive gauche de Garonne, bâtir un pont-canal qui enjamberait le fleuve et qui céderait un peu de place à une ligne de chemin de fer naissante et concurrentielle des bateliers, en 1841. Véritable prouesse architecturale, le pont-canal dAgen, est un ouvrage majeur long de 539 m, large de 12,48 m et profond de 2,70 m. La construction est lancée, le 25 août 1839, en présence du Duc dOrléans. Bouleversement du métier de marinier, le fleuve ne fourmillera plus de radeaux ou cardines jusquaux mascalets de 30 tonneaux mais luniformisation sera de mise par le choix de la sapine, grand et gros bateau adapté aux écluses du canal ou du petit coutrillon à létrave pointue. Le marinier débarque ou embarque, seul, les marchandises, à la brouette ou sur une planche. Les plus lourdes sont hélées avec une «chèvre», ancêtre de la grue. À raison de 25 km par jour – 3 km/h – 8 jours seront nécessaires pour relier Castets à Toulouse – 194 km. Le canal sera donné en concession à la Compagnie du chemin de fer du Midi, en 1858, puis entrera dans le giron de lÉtat, en 1898. Un très beau livre à soffrir et à offrir.
(1) « Le canal latéral à la Garonne – Regards sur un patrimoine » – Textes de Charles Daney, Jacques Dubourg, Jean-Loup Marfaing – Éditions Loubatières – juillet 2010 – 29 TTC.