Vachettes et taureaux à Orthez

L’histoire taurine orthézienne n’est ni simple, ni linéaire (1).Si Bayonne peut être considérée comme la doyenne des places de taureaux, elle est déjà citée sous la forme d’un interdit, en 1289. En 1457, Saint-Sever fait courir la vache pour la fête de la Saint Jean-Baptiste, puis Bazas, en 1565, en présence du jeune roi Charles IX, Catherine de Médicis et Henri de Navarre, futur Henri IV. Les «Fors de Béarn» remontent à la fin du XIe siècle. «Du côté d’Orthez, quand un boucher ou «mazet» de la rue du «Bourg-Bielh», rencontre une bête, bœuf ou vache, de caractère ombrageux, sournois, disposée à fourrager de la corne avec plaisir, il organise un petit divertissement». L’ouvrage fourmille de détails pittoresques puisés dans les archives de la ville ou dans les écrits de référence. Tout au long des XVIIe et XVIIIe siècles, malgré les interdits de l’Église, les jeux taurins ne disparaissent pas et les réfractaires courent toujours la bête. Les ducs de Richelieu et d’Epernon, Louis XIII, Louis XIV, s’y casseront les dents. L’Intendant d’Etigny comprendra la passion populaire et protégera le chemin de la course par des barrières protectrices. C’est ainsi qu’on court le taureau à Pau, Morlaàs, Arzacq, Orthez. Les anecdotes sont truculentes. On y rencontre les tribulations des responsables de fêtes communales qui tentent d’introduire, peu à peu, un taureau espagnol, avec sa mise à mort, dans la course landaise. C’est sûr, les virevoltants frissons d’une muleta ensanglantée, c’est autre chose que les écarts de jeunes régionaux bondissants. En 1811, Bonaparte déclarera «Qu’importe qu’ils se tuent pourvu qu’ils s’amusent».Cet accord tacite de l’Empereur, contrarié par la loi «Grammont», n’entrera vraiment dans l’usage qu’en 1950. Place de 3e catégorie, Orthez vibre encore et toujours aux courses espagnoles malgré un contexte économique difficile. Un ouvrage sur les tauromachies documenté, passionnant, pour aficionados et curieux.

(1) « Histoire des tauromachies à Orthez » – Jacques Milhoua – Éditions Gascogne – septembre 2011 – 20 € TTC.


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