Pierre Seillant est un personnage hors-norme dans le basket national et européen (1). LÉlan Béarnais est un patronage catholique de 1908 issu de lécole Saint-Joseph, à Orthez. Dans le sillage paternel, pionnier de la section gymnastique, Pierre Seillant chaussera les crampons dans léquipe de foot, puis tâtera de lovale chez les universitaires palois. Diplômé de lécole des Impôts, à Clermont-Ferrand, la mort de son père le ramène au pays, dans un cabinet dassurances orthézien. Henri Manoux, un ami, lentraîne dans la section basket de lÉlan Béarnais car il sait «diriger, décider, commander». Dune plume alerte, Gérard Bouscarel nous raconte une saga dun homme étroitement lié à son club, «un Gaston Fébus moderne». De la Moutète au mariage avec le Palais des Sports dAndré Labarrère, le club atteint les sommets de lélite sportive. Récit de la vie de grands (au sens propre) athlètes venus dAfrique, dEurope ou des États-Unis dAmérique, mais aussi des rapports humains de fortes personnalités avec leur président. Lauteur nous plonge au cur de lÉlan Béarnais, la Moutète, cette halle, où se tient le marché au gras tous les mardis, qui se métamorphose en chaudron brûlant envahi par des supporters inconditionnels venus de Bigorre, Béarn, Landes, pays de lAdour. Lenfer, quoi ! Dès 1972, les plus grands du basket français trébuchent ici. Mais la gestion des ego des Larrouquis, Perpère, Duquesnoy, Bisséni, Ortéga, Dubos, les frères Gadou, Fauthoux, Muresan, Diaw, les frères Pietrus, Drozdov et autres joueurs américains demande du doigté, de la finesse, une pratique de laffectif peu ordinaire de la part dun président aimé et respecté. Larrivée du professionnalisme bouleversera les habitudes, le management des hommes et… les finances du club. Le mariage avec le Palais des Sports palois le sauvera. Un écrin superbe pour les yeux éblouis dun Pierre Seillant qui versera une dernière larme, le 6 mai 2008. Un très bel ouvrage sur le sport et les hommes, à soffrir absolument.
(1) « Pierre Seillant – Au cur de lÉlan Béarnais » – Gérard Bouscarel – Éditions Gascogne – octobre 2011 – 20 TTC.