La laïcité reste un concept à plusieurs sens. (1). Jean-Michel Ducomte affirme quelle demeure «un véritable miroir dans lequel chacun, en fonction de son histoire, de son appartenance, de ses convictions, tente de refléter sa propre image de la réalité républicaine». À partir de 2003, le débat senflamme avec la question du port de signes dappartenance religieuse. La loi interdisant de dissimuler son visage dans lespace public ou le débat sur lidentité nationale et sur lislam confirme «le glissement progressif de sens qui nous éloignent de la logique de concorde et de pacification que Jean Jaurès attribuait au subtil travail décriture de la loi du 9 décembre 1905». Pour les auteurs de la Déclaration des droits de lhomme et du citoyen, pas de doute, la liberté est le premier des droits naturels et imprescriptibles. Spinoza le dit : «Le but de lorganisation en société, cest la liberté». Deux jours de débat tendus et passionnés furent nécessaires pour ladoption de larticle 10 de la Déclaration. Légalité juridique entre les hommes étant le corollaire du premier, chacun devait apporter à la «contribution commune». Enfin, la reconnaissance. Pour lauteur, que valent ces deux surs jumelles héritières de la Révolution sans le souci de la liberté que dautres peuvent revendiquer et lattribution de droits égaux. De ces interrogations est née la fraternité, ce «prosélytisme de lestime et de la sympathie» selon Lamartine. Puis, la Constitution civile du clergé de 1790 va «totalement réorganiser le paysage religieux». Les biens de lÉglise seront nationalisés. La Nation payera le traitement des membres du clergé. Le Concordat de 1801 apaisera quelque peu les tensions mais la IIIe République de Gambetta édifiera définitivement le socle législatif laïque en donnant «le départ de la reconquête républicaine», en 1884.Un magnifique ouvrage de 500 pages de documentation et de réflexion.
(1) « Laïcité, laïcité(s) ? » – Jean-Michel Ducomte – Éditions Privat – juin 2012 – 16 TTC.