Médecin de toreros

Impeccable toujours, se baladant de «burladero» en «burladero» avec une simplicité qui n’est pas forcément de mise dans ce milieu, Jean-Michel Gouffrant est une figure du «callejon» (1). Voici un personnage exemplaire dans le «mundillo» passionné de la corrida qui, sans langue de bois, nous fait voir de l’intérieur ce qu’est ce monde que l’on croit connaître. Que d’affirmations superficielles courent les «tendidos» et que de lieux communs balayés par cet ouvrage questionnaire d’un «aficionado» qui a voué son art et sa vie à la corrida. Après des années de pratique «dans le civil», notre chirurgien parcourt les clubs taurins et les associations qui l’invitent pour des conférences présentées bénévolement «permettant au grand public de mieux pénétrer les arcanes d’un monde mystérieux». Rien n’est caché de cet univers violent où la gravité des blessures et la sauvagerie des jeux taurins qu’il a observés. Il a horreur du mensonge sous toutes ses formes et abhorre les anti-taurins. Son grand-père maternel était un épicier Bayonnais très connu, domicilié sur la route des arènes de Lachepaillet. Petit, il parle et joue au torero. Sorti de la Faculté de Bordeaux, il «laisse sa jeunesse dans les hôpitaux». Puis, à 35 ans, il rencontre l’équipe de Jean Grenet, chirurgien de garde aux arènes, maire actuel de Bayonne. Dès lors, il répare les toreros étoiles et les besogneux. Il sait tout de leurs qualités humaines, leurs palmarès professionnels, leurs ambitions et leurs blessures parfois mortelles. De ce milieu taurin aussi, fermé aux apprentis gascons ou provençaux qui ne voudraient pas s’expatrier «tras los montes». Ses deux toreros français préférés sont Sébastien Castiella et Juan Bautista. Il rappelle le courage immense des stars de lumière adulées, choyées et grassement payées qui récoltent au moins une blessure grave par saison. Un ouvrage de réflexion. La redécouverte d’un monde passionnant, tragique et unique. 


(1) « Jean-Michel Gouffrant – Médecins de toreros » – Pierre Vidal – Éditions Gascogne – avril 2012 – 14 €.


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