Voici le témoignage de Marc Chaumeil, reporter photographe et Corrézien de souche, qui, depuis février 2011, nous présente le quotidien de campagne de François Hollande (1). Il est là, observateur et discret, depuis le début. Plus tard, son indépendance le fera chasser des premiers rangs par l’équipe de campagne du candidat socialiste. Une préface sensible de Serge Raffy nous livre «un laboureur face aux traders» à la force irrésistible qui reçoit des «citoyens en colère et des femmes et des hommes blessés par une certaine forme de maltraitance de la République». L’origine du patronyme Hollande nous est révélée. Des aïeux, «protestants bataves venus, au XVIIe siècle, se réfugier dans le Pas-de-Calais pour échapper aux persécutions catholiques».Marqué par le décès de Nicole Hollande qui lui a inculqué le sens de la vie et l’altruisme, le brillant élève, l’élu, l’homme à tout réussir, a pris sa décision : il sera candidat. Ce texte littéraire, nourri de recherches fort documentées, s’achève par cette conclusion : «François Hollande, héritier de Franklin Roosevelt ? Et si c’était vrai ?». Sibylle Vincendon n’est pas en reste de commentaires en forme de légendes des photos choisies. Ici, pas de complaisance, les choses sont dites. Le clan DSK qui ricane : «La tortue Hollande est partie trop tôt». Rencontre Chirac Hollande : «L’épisode renforce le côté deux compères». Je reviens aux photos superbes du candidat hilare au comice agricole de Saint-Salvadour (Corrèze) ou au marché de Tulle, l’exiguïté du bureau de vote où le candidat s’élit lui-même, la concentration à l’extrême dans la salle Jean-Mermoz de Toulouse, le tribun au meeting du Bataclan, à Paris, où au palais des Congrès du Mans, l’homme pressé, entouré chez Alstom, au Creusot. Photos insolites, de vérité du moment, de force, d’enthousiasme collectif, d’engouement populaire, mais aussi de doute ou de surprise digne (enfarinade à la fondation Abbé-Pierre). Un ouvrage de témoignage à garder absolument.

(1) « François Hollande, Président élu » – Marc Chaumeil, Serge Raffy, Sibylle Vincendon – Éditions Privat – mai 2012 – 19,50 €.