Le singulier destin de Thérèse Nars

Née le 16 mai 1859, Thérèse Nars aurait eu une existence anonyme si le destin n’en avait décidé autrement affirme le poète et écrivain André Galicia (1). Je me souviens de ses récits, anecdotes et légendes du Sobrarbe, sur Lucien Briet dans le Haut-Aragon, et de sa passion pour cette province voisine. Teresa est fille de Francisco Bernad et de Francisca Garcés, à «Casa la Miguela», au village de Revilla (Haut-Aragon). Cette commune est blottie à flanc de falaise «régulièrement brûlée par le soleil ou saccagée par de violents orages de grêle». Orpheline de mère et analphabète, Teresa est envoyée en France, à l’âge de 13 ans. Elle franchit le port de Bielsa, à pieds, accompagnée de son père. Elle entre au service d’une famille d’Ancizan puis, plus tard, gagne Saint-Lary. Malgré un physique ingrat, elle est demandée en mariage par François Nars, blessé de guerre et journalier. Devenue Thérèse Nars par la grâce de l’Etat-civil, son mari intempérant lui mène une vie impossible. Elle le quitte pour le Sénégal en compagnie de quelques Aurois. Là-bas, la terrible fièvre jaune sévit. En 1886, elle sauve un officier venant du Soudan et se dévouera corps et âme pour lutter contre ce fléau endémique. En 1900, «son dévouement se change en héroïsme». Ses remèdes, son réconfort incessant sauveront de nombreuses vies humaines. Admirée et vénérée dans toute l’Afrique, elle est «Mère Thérèse» pour tous. Elle se comporte comme un missionnaire et parcourt à cheval le Sénégal, le Soudan, la Guinée, la Casamance, la Gambie Britannique. En 1926, nouvelle épidémie. Thérèse s’installe à l’hôpital, elle a 67 ans. Elle revient en France, en 1935 et pose pour le sculpteur Miller Ranson qui réalise son buste. Elle retourne au Sénégal où elle tombe malade peu après. On la transporte à hôpital de Dakar. La médecine est impuissante. Sans une plainte, épuisée, elle quitte notre vallée de larmes entourée par ses amis fidèles. Aux obsèques, la foule est immense. Les témoignages affluent, les distinctions pleuvent. Un excellent ouvrage bilingue de découverte.

 

(1) « Le curieux destin de Thérèse Nars » – André Galicia – Éditions de la Ramonda – mai 2012 – 12 € TTC.

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