Depuis une décennie, les historiens portent un regard neuf sur les conflits des années 1800-1815 (1). Cet ouvrage est scindé en quatre parties : Quels combattants pour quelles guerres ? Combattre et survivre au quotidien, les civils face aux militaires, symboles, mythes et mémoires. Ces communications ont bénéficié de louverture darchives étrangères : mémoires ignorés, lettres privées, dossiers administratifs ou militaires, archives privées, nationales, de la Guerre, de la Police, dossiers des membres de la Légion dHonneur. Tout dabord, la conscription traduit la violence dune guerre inédite. Sur 2239 conscrits charentais mobilisés entre 1806 et 1813, près de 8% des jeunes recrues décèdent dès les premiers mois de lincorporation. Ceux qui reviennent de toutes ces années de combats, sont «dans un état grave, profondément usés physiquement et moralement». Entre 1792 et 1815, plus de la moitié a été blessée au moins une fois. Plus de 22% sont atteints de blessures graves : tronc, tête, amputations, etc. Les jeunes qui ont tiré le maudit «billet noir» sarrachent les dents pour ne pas servir, dautres mangent de lencens ou utilisent lacide pour les carier, dautres encore se font des plaies aux bras et aux jambes et les pansent avec de larsenic ! Dautres se marient avec des «vieilles de 60 ans». Puis, cest le baptême du feu. Émotion intense. On regarde et serre de près les anciens. Ont-ils peur ? Non, plutôt la «peur davoir peur». Lattente immobile et prolongée sous le feu de lartillerie est terrible. Les ressources morales seront laminées par les privations, les souffrances et les horreurs. Les contingents alliés grimperont de 15% en 1805 à plus de 47% en 1812 : États allemands, Pologne, Hollande et Espagne sous Bernadotte. Une mention spéciale à Marie-Pierre Rey pour son étude du vêtement pendant la retraite de Russie. Un ouvrage magistral.
(1) « Les Européens dans les guerres napoléoniennes » – Direction : Natalie Petiteau, Jean-Marc Olivier et Sylvie Caucanas – Éditions Privat – mars 2012 – 23 TTC.