Étudiant à Bordeaux, il na pas occupé la Sorbonne ni construit de barricades à Paris (1). Le 12 mai 1968, lauteur a 23 ans. Il est passé par le lycée Michel-Montaigne avant darriver en fac. Fils de parents catholiques pratiquants et militants laïques actifs, il envisage une carrière de prof dhistoire et géographie. Survient mai 68. Quarante ans plus tard, il dira à ses élèves de Terminale que «lesprit de Mai» la profondément influencé. Par hasard, il tombe sur un article du «Monde» où il est question de manifestations étudiantes qui affrontent les CRS, à Paris. Lui-même assiste à un sitting près de la Tour Pey-Berland, heureux, assis sur la chaussée, au milieu de plein détudiants quil ne connaît pas. Les CRS noirs «ont abaissé la visière de leur casque et avancent en rangs serrés vers notre vieille fac de lettres en poussant une foule de jeunes». Il flotte dans lair une odeur âcre de gaz. Les photos du lendemain montrent «les tas de pavés de la rue Sainte-Catherine, les voitures renversées, les restes dune barricade». Cette «nuit des barricades» limprégnera pour toute sa vie. Admis à lécrit de lagrégation, il échoue à loral au début de septembre. À la fin du mois, abasourdi, on lui offre le CAPES théorique et pratique, en équivalence : «Fin cruellement ironique de mon Mai, aux limites de la bouffonnerie !». Sans aucune préparation pédagogique, il se retrouve dans un petit collège rural à La Couronne (16400) avec quatre niveaux de cours : 6e, 5e, 4e, 3e. Il adhère au syndicat SGEN-CFDT car plus proche de ses idées. Puis, il dépeint ses collègues en difficulté comme lui, sa hiérarchie détablissement et rectorale, rigide ou burlesque. Ce petit livre par la taille (15 cm x 11 cm) est un excellent ouvrage de témoignage sur la scolarité des jeunes et de réflexion sur une période historique.
(1) « Prof de Mai – Étudiant en mai 1968, professeur en octobre 1968…et après » – Jean-Paul Duchon – Éditions Gascogne – mai 2008 – 8 TTC.