En 1995, Jean-Paul Duchon décide denregistrer des membres encore vivants du groupe dOrthez de la compagnie Argote, secteur V de lArmée Secrète (1). Il filme alors Gérard Lavignotte, responsable du groupe, ainsi que René et Pierre Mousquès et Léo Doideau, fidèle à sa devise : «Nous étions clandestins, restons clandestins» qui ne voudra pas témoigner. Après ce dernier refus, cest Édouard Gauyacq, entré en résistance dans le groupe de Puyoô, qui sera auditionné en 2008. Les «accouchements» radiophoniques furent laborieux tant les actions accomplies, de 1942 à 1945, leur paraissaient aller de soi dans un secret absolu où famille, parents et amis de voisinage nétaient jamais dans la confidence. Les petits groupes de résistance, permettant un meilleur cloisonnement, furent bien surpris de se compter à la Libération. Si lhéroïsme était hors de propos, le courage fut leur compagnon de route. Des engagements réalisés naturellement, qui, pour éviter les travaux sur la ligne Todt, qui, pour contourner lenvoi au S.T.O. Des résistants tranquilles, pas militaristes pour deux sous, mais qui ne pouvaient supporter la présence de lAllemand sur leur terre. On exécutait les ordres dun chef Daniel Argote que majoritairement lon ne connaissait pas : accueil dun parachutage, passage de pilotes belges de la R.A.F descendus ou de juifs traqués, sabotage de lignes téléphoniques, machines et voie ferrée, fabrication de faux passeports, traversée de lAdour en barque entre zone occupée et zone libre, de part et dautre de la ligne de démarcation qui passait à Orthez. À la Libération, lattitude des combattants de la 25e heure les a beaucoup amusés. Ils réclamaient tous des drapeaux et des brassards F.F.I ! Nos cinq amis nont dénoncé ni exécuté personne, ni écrit de récits patriotiques et ont mal vécu les excès de tous ordres, à Orthez. Un ouvrage sincère de témoignage.
(1) « Laisser la parole aux résistants » – Jean-Paul Duchon – Bernard Lavignotte – Éditions Gascogne – novembre 2011 – 15 TTC.