Portrait inédit de la Garonne, le fleuve «court et c’est sa course ininterrompue, son rythme, sa palpitation vivante qui sont inscrits dans ces pages» (1). Ils s’y sont mis à trois mais quel bonheur que la lecture de cet ouvrage ! L’éditeur peut affirmer avec raison que le contact concret avec la Garonne s’est réalisé «à la manière impressionniste, pointilliste». Un géographe, un architecte historien, un naturaliste, ce cocktail de passions pour raconter le fleuve est une réussite absolue. Tout commence avec «L’Homme de Marbre», Louis de Pardaillan de Gondrin, duc d’Antin et fils aîné de la marquise de Montespan. Parfait courtisan, il fut admis dans le premier cercle de Louis XIV et fit connaître les marbres pyrénéens tant appréciés au château de Versailles. Mais il fallait les transporter. Hippolyte Matis, arpenteur géographe ordinaire du Roi et son neveu Nicolas établirent les cartes, plans et dessins du cours du fleuve. Au départ, depuis la source du trou du Toro, découvert par Norbert Casteret en 1931, un trajet sinueux et fantasque est évoqué avec beaucoup de réalisme, de poésie et de technicité sur les ouvrages qui enjambent le fleuve ou longent ses rives, beaucoup de fleurs et d’oiseaux, de mammifères et de poissons, jusqu’à rejoindre la Dordogne, à Ambès. De superbes photos soutiennent un récit que l’on a plaisir à lire. Pour notre plus grand bonheur, l’historien a su, sans lourdeur, nous rappeler, avec précision, le contexte des projets, la richesse des matériaux, leur façonnage, la maîtrise des grands chantiers et les ingénieurs et architectes qui les ont entrepris. Le naturaliste m’a permis de découvrir le mythique desman et l’énigmatique euprocte des Pyrénées. Le géographe m’oblige, désormais, à regarder d’un autre œil nos magnifiques paysages riverains. Offrez ce livre à ceux que vous aimez. Ils ne voudront plus s’en séparer.

(1) « La Garonne » – Charles Daney, Jean-Loup Marfaing, Jean Ramière – Editions Loubatières – novembre 2011 – 39 €.