Onze nouvelles ont été inspirées par le moulin d’Arbus, lieu d’enfance de l’auteur proche de Sauveterre-de-Béarn (1). On y rencontre un bandit de grand chemin et sa pie, un tuilier et son frère qu’un trésor détourne de la morale, un monstre marin de volaille, des jumelles étranges et leur père puisatier, un valet de ferme martyrisé, un empoisonneur aux hosties mortifères, un aérostier éclairé, un Iroquois égaré, la discrète légende du pont d’Orthez, les possédés de Lucq et l’étrange destinée de la cagote de Bérenx. Écriture classique où pointe le fin observateur de la nature : « Autour de la cascade, les berges ont l’odeur camphrée de la reine-des-prés, celle plus capiteuse des jacinthes et de la lattée clandestine, plante improbable sans chlorophylle et surtout l’odeur puissante des mousses et de l’hépatique ». Sous l’Empire, à Salies-de-Béarn, le jeune Lafitte était promis à une conscription obligatoire de six ans : « Il était hors de question d’abandonner pendant ladite période un tendron du même âge au zèle concupiscent des mâles du cru, nombre de jeunes hommes, impatients de bénéficier de leur compte de « sauce » (part de la source salée de Salies), préféraient s’unir à une femme âgée, célibataire ou veuve, escomptant qu’au bout de leur temps de service, elle aurait trépassé laissant la voie libre à une jeune fille plus fraîche. Et six années de revenus tombaient alors d’un coup qui constituaient un joli pactole ». Du temps de Louis XVI, l’agronome Guillaume d’Andoins, grand voyageur aux Amériques revient en Béarn accompagné d’un Iroquois : « Andoins avait récupéré des légumes et des plantes médicinales qu’il comptait faire fructifier en Béarn : des haricots, des courges, des dahlias, du maïs, mais aussi du chanvre indien, du tabac, de la canneberge et de la capillaire du Canada ». Voici un aperçu de nouvelles succulentes d’un romancier béarnais dont on reparlera.

(1) « Lettres du moulin d’Arbus » – Laurent Frontère – Editions Gascogne – janvier 2010 – 16 €.