Enfants Juifs à Lectoure

Tout commence dans la chaleur de la fin du mois d’août 1939 (1). Frontalière de l’Allemagne et de la ville suisse de Bâle, Saint-Louis (Haut-Rhin) tremble pour sa population et la peur de la guerre lui fait craindre le pire. Le 1er septembre, les Allemands pénètrent en Pologne et, à 19 heures, les 7000 habitants ludoviciens fuient leur ville. Le 6 septembre, des réfugiés arrivent à Lectoure. Parmi eux, des Juifs venus de Saint-Louis, Paris, Metz, Belgique. Ils seront une vingtaine destinée à la déportation : Starkhaus, Wolf, Maslo, Szafirstein, Schwarz, etc. Trois reviendront à Lectoure : Wolf, Judkowski, Resnik. Lectoure est submergée de réfugiés qui seront accueillis à l’Hôtel de France des frères Danzas, martyrs de la Résistance, chez Bertrand, les boulangeries Cazeneuve et Peyrebelle, etc. Deux rafles commandées par le régime de Vichy auront lieu, le 26 août 1942 et le 24 février 1943. Elles seront fatales à Manfred Starkhaus, brillant élève, dirigé vers le camp de Gurs, centre d’hébergement devenu camp juif où il restera deux jours. D’où il envoie une lettre à sa chère maman « Mutti ». Un passage émouvant dénote une grandeur d’âme peu commune : « Fais attention à toi, car l’idée que tu pourrais venir ici (camp d’extermination de Sobibor) un jour m’est insupportable ». Il n’aura pas droit aux travaux forcés et l’espoir d’une survie; à peine débarqué, il est gazé. À Lectoure, les bienfaiteurs religieux et civils des réfugiés juifs furent admirables : l’archiprêtre Sentex, Mlle Sabathé, les religieuses de Sainte-Chrétienne de Metz, celles de la Providence, le collège des enfants, les familles Élie Pellefigue, Cadeilhan, Danzas, Ricard, Dr Dieuzaides et Jolis, Mme Giordana, Mme Mary, Mélanie Duprat. Tous « ont eu des actions salvatrices ». Geneviève Courtès a fait un travail de mémoire remarquable et les Éditions Gascogne ont eu raison de le publier. 

 

(1) « Enfants juifs à Lectoure » – Geneviève Courtès-Bordes – Editions Gascogne – 23 €.

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