Originaire de Barcelone, Alvaro de Orriols est un poète et un écrivain célèbre de pièces de théâtre (1). Son témoignage bouleversant, soutenu par d’admirables dessins, a été traduit par Didier Damestoy, son petit-fils. Le manuscrit original « Las Hogueras del Pertus » a été achevé à Bayonne, en mars 1955. Quand la guerre d’Espagne éclate, le 18 juillet 1936, l’auteur a 43 ans. Depuis 15 années, son uvre lui vaut une renommée internationale. C’est aussi un militant convaincu du parti socialiste espagnol. La tragédie pour lui et les siens commence le 23 janvier 1939 lorsque les troupes nationalistes sont aux portes de la capitale de la Catalogne. Il décide le départ de sa famille composée de son épouse Manola, de ses enfants Alvarito et Merceditas, sa belle-mère doña Antonia qui rêve de revoir Durango, près de Guernica, sa sur Mercedes et son beau-frère Paco. On suit l’énorme foule des fuyards abandonnant sur le bord de la route, matelas, bagages, véhicules, blessés et soldats mutilés en retraite. Le récit est admirablement écrit et hallucinant ! Ce témoignage a une force peu commune par la description de l’horreur quotidienne endurée par cette famille sous les bombardements de l »aviation allemande. Orriols qui voit son monde artistique s’écrouler d’un coup – il a dû abandonner sa valise contenant ses pièces de théâtre – pense au suicide, puis sauvé in extremis par les siens, assume, en compagnie de l’admirable Manola, les tourments répétés d’un exode massif par Gérone, le château de Figueras, La Junquera et le Perthus. Puis, les camps de concentration français : Le Boulou, Argelès-sur-Mer, Saint-Cyprien et le refuge de Beyris (Bayonne) sur l’ancien terrain de polo. Un récit puissant et réaliste qui nous a bouleversé et passionnera tous les républicains.
(1) « Les feux du Perthus – Journal de l’exode espagnol » – Alvaro de Orriols – Editions Privat – février 2011 – 21 .