Le baron Dufour

Pour les amateurs d’Empire, ils sont nombreux, cet ouvrage sur la guerre de Russie, par le baron Gilbert Jean-Baptiste Dufour, est devenu un témoignage de référence (1). Il apporte une autre vision de cette campagne qui saigna nos forces vives si profondément que l’Empereur ne pourra jamais reconstituer une phalange aussi glorieuse. En préambule, Jacques Perrot, descendant de l’auteur, retrace la biographie du baron. En 1812, Dufour est l’administrateur de la Garde depuis six ans. C’est en réaction à des ouvrages incertains sur cette campagne tragique, qu’il se décide, en 1820, à raconter la « vraie » campagne, celle qu’il a vécue, dans un livre de 500 pages. Déjà, l’effectif de départ est impressionnant: 491620 hommes d’infanterie, 98880 de cavalerie, 62857 d’artillerie, 12105 du génie, 24600 de gendarmerie, 8083 pour l’administration. De plus, 46888 hommes pour la Garde impériale. Le tout équivalent à 14 armées de la République avec 16 puissances étrangères au service de Napoléon, soit 615 bataillons pour une armée d’invasion évaluée à plus de 600000 hommes. Dufour décrit admirablement l’entrée et l’occupation de Moscou, pas encore en flammes, mais déserté par les familles résidentes. Mais la multitude ivre des serfs et des pillards de toutes sortes est toujours là et se livre à une orgie de pillages en règle malgré les premiers feux qui s’allument simultanément selon un plan préétabli. L’armée française éteindra ces incendies, là où elle le pourra, pendra quelques pillards et trouvera des vivres dans les réserves de la ville. L’ensemble de la retraite, le passage héroïque de la Béresina, tous les combats, sont des grands moments de l’épopée napoléonienne. Je recommande vivement cet exceptionnel ouvrage.

 

(1) « Guerre de Russie 1812 » – Baron Dufour – Editions Atlantica – novembre 2007 – 50 €.

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