Le Bazacle au cœœur de Toulouse

Le Bazacle et sa célèbre chaussée qui vit le passage des troupes impériales, en 1814, étaient autrefois le seul gué autorisant le franchissement de la Garonne, à Toulouse (1). De nouveaux moulins s’y établissent, dès le XIe siècle et, en 1190, Raymond V de Toulouse fait construire un barrage que l’on nomme « chaussée du Bazacle ». Une préface poétique de Michel Serres donne le ton. Puis, trois volets séparent les différents récits scandés par d’admirables photos bien dans la tradition des beaux livres que nous distille régulièrement l’éditeur. De l’Antiquité à nos jours, le Bazacle c’est l’histoire de la Garonne et de Toulouse. Premier volet : la menace éternelle des crues. Particulièrement, celle de 1875 qui fit 200 morts au quartier Saint-Cyprien, point bas de la ville, et opéra des ravages jusqu’aux terres lointaines de l’Adour. Ensuite, l’âge d’or, au XVIIIe siècle, de cette « machine à blé ». Les moulins et le grenier à blé de la plaine toulousaine engagent l’essor de Toulouse. Deuxième volet : l’aventure industrielle avec, en prologue, le passage à la fée Électricité au bout du XIXe siècle. Le fleuve est domestiqué et l’eau purifiée arrive au robinet. Non sans difficultés. Le Toulousain saura, en tout temps, se révolter contre les menaces de restaurations aveugles, notamment au tournant de 1960. Troisième volet : le « grand arc culturel Garonne » sur la rive gauche, avec la mise en valeur de son patrimoine : salle d’exposition, bibliothèque, médiathèque, auditorium, jardin de culture, de nature et d’eau, hier, opération Toulouse-Plage, aujourd’hui. Les mouettes rieuses juchées sur la drome noire observent le combat des aloses, truites de mer, lamproies et anguilles pour franchir la chaussée du Bazacle, haute de cinq mètres, et trouver la passe à poissons salvatrice. Longtemps assoupie, Toulouse a retrouvé ses valeurs patrimoniales. Un magnifique ouvrage illustré qu’il faut absolument se procurer.

(1) « Le Bazacle – Les noces de Toulouse et de la Garonne » – Adélaïde Maisonabe, Robert Marconis, Santiago Mendieta – Editions Privat – Septembre 2010 – 29,50 €.

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