Un Garat peut en cacher un autre

C’est la Révolution qui fait entrer dans l’Histoire les frères Garat d’Ustaritz (1). L’aîné Dominique devient un avocat éminent de Bordeaux, élu avec son frère Dominique-Joseph aux États généraux par le Tiers-Etat du bailliage d’Ustaritz. Il y joue un rôle important à l’Assemblée Constituante. La séparation de cette assemblée le rend à la vie privée. Bientôt, la Terreur le suspecte « d’aristocratiser » le pays du Labourd. Arrêté puis reclus à Montauban, il est libéré par Thermidor et de retour dans son village, le 23 novembre 1794. Malchanceux, on l’accuse d’émigration alors qu’il n’a jamais quitté la France. Il doit s’exiler en Espagne et sa santé fragile ne supporte pas l’épreuve. Il décède à Ustaritz, le 19 novembre 1799. Ce destin tragique sera surpassé par celui de son frère cadet Dominique-Joseph qui se trouve à Paris, en 1777. L’entrée à la loge maçonnique des Neuf Sœurs lui ouvre les portes du « Mercure de France » où « il se montre un critique littéraire parfois redouté ». Couronné trois fois par l’Académie française, ses talents de conférencier sont reconnus. Devenu le rédacteur du « Journal de Paris », il fait passer ses idées de patriote. Condorcet l’influence, Robespierre le subjugue. Il apprécie les Jacobins comme les « représentants les plus authentiques de la représentation populaire » et se sépare de ses amis Girondins. Il devient à son tour suspect et se cache jusqu’à la chute de Robespierre. Nommé professeur à l’École Normale, il séduit ses élèves. On lui demandera son rôle dans la tourmente révolutionnaire. Le coup d’État de Fructidor le sauvera. Talleyrand obtient pour lui un poste d’ambassadeur à Naples. Puis, Bonaparte l’éblouit. Il proclame son génie, renonce à sa foi républicaine et… gagne une nomination de sénateur. Une girouette avez-vous dit ? Un destin hors du commun en tout cas. Un ouvrage magistral et passionnant.

 

(1) « Dominique-Joseph Garat (1749-1833) » – Michel Duhart – Editions Atlantica – Décembre 2009 – 23 €.

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