Aux alentours des années 1970, dans une ferme de Chalosse, une petite fille grandit sur ses peines, ses joies et ses jeux (1). Pour son premier récit, ethnologique dois-je préciser, on retrouve les descriptions des structures familiales et les traditions de vie landaises un peu identiques à celles observées en Béarn ou Pays Basque. Limposante bâtisse nommée « Au Saragn » est faite dune étable, dune grange, dun grenier à foin et, dans son prolongement, la maison familiale « plus petite et plus basse, comme écrasée par sa masse ». Un couloir aveugle dune obscurité inquiétante dessert les différentes pièces. La petite est terrorisée à lidée de revenir seule de ce labyrinthe vers la lumière du jour. Lauteure décrit son environnement familier : le cordonnier de Clermont qui ressemelle inlassablement les souliers percés par les freinages répétés des pieds sur le vélo, les jeux de billes où la petite concurrence ladresse du frère dans le jet des boules de verre coloré dans le trou. Lancien maréchal-ferrant est un « ogre jovial », poilu à souhait, effrayant et fascinant par son épaisse corpulence, qui a fabriqué les portails en fer forgé des fermes alentour en leur donnant un caractère de « citadelles imprenables ». Décrivant Georges, le grand-père maternel mort à 98 ans : « Il avait le nez aussi long que son penchant pour lavarice, la lèvre absente, la mâchoire bloquée, la glande salivaire bloquée par le manque de mastication et de conversation ». Berthe, femme de Georges, sest mariée grosse et « de cette union, commise en dehors du mariage sacré, naquit en punition divine, un fils resté attardé ». Et il en va ainsi des aïeules Louise et Marie, des anguilles, de la marelle, des travaux des champs, de la traite, de la chasse, des foins, de la moisson, etc. Un petit ouvrage illustré réaliste et délicieux. (1) « La ferme» Roselyne Candau Éditions Atlantica février 2010 12 .