Cathare et nazi

En 1234, à Toulouse, un évêque catholique extorquait par la ruse la profession de foi d’une vieille femme cathare sur son lit de mort (1). En 1930, à Paris, à la Closerie des Lilas, quelques intellectuels fantasment sur des trésors mystérieux censés avoir appartenu aux Cathares exterminés au XIIIe siècle, au cours de la croisade lancée par le pape Innocent III. Pour Otto Rahn, le plus jeune du groupe, c’est une révélation. Pendant deux ans, ses recherches vont le conduire vers le château de Montségur qu’il identifie comme « le château fort du Graal décrit dans le récit de Perceval ». Ses thèses transforment cette fable locale en une mythologie européenne vouée à influencer le sommet du régime nazi. Cet essai biographique est captivant et se lit comme un roman. L’auteur développe la rencontre de deux récits : l’histoire médiévale méridionale et celle, pétrie de mysticisme et de romantisme, d’Otto Rahn, porte-drapeau autoproclamé des Cathares. Il deviendra par la suite l’intime de Himmler. Le mérite de Mario Baudino est de poser un regard nouveau sur la sombre légende d’Otto Rahn dont la mort, en mars 1939, dans le froid glacial des Alpes autrichiennes, reste une énigme jamais élucidée. Rahn fit une compilation « des thèmes, des idées et des légendes qu’il avait glanés entre Paris et la forteresse de Montségur ». Il identifia les Cathares aux gardiens du Graal, symbole de la puissance spirituelle et, pourquoi pas, matérielle. Il écrivit deux livres : « La Croisade contre le Graal » en 1933 et « La Cour de Lucifer » en 1937. Pour lui, Lourdes représentait « la papauté envahissante » et, probablement, les guérisons miraculeuses une « superstition ». Les hérétiques étaient sa passion. Rahn considère que les Cathares de Montségur sont des druides convertis. Les passionnés d’ésotérisme et de catharisme se régaleront dans cet ouvrage très bien documenté et romanesque de bout en bout.      (1) « Otto Rahn faux cathare et vrai nazi» — Mario Baudino — Éditions Privat— janvier 2007 — 19 €.

Laisser un commentaire