Religions et laïcité

Cet ouvrage propose un autre regard sur la construction de la laïcité en France (1). Depuis l’édit de Nantes, en 1598, « la Séparation est insérée dans la trame d’une histoire séculaire des solutions apportées à la question religieuse ». À la fin du XVIe siècle, l’unité n’a jamais été rompue dans « l’équation religieuse » du pays. Quelques siècles auparavant, Cathares et Vaudois ont été éradiqués ou contenus dans le Lubéron et le Dauphiné. La Réforme a conquis un Français sur dix, en 156O. Puis, c’est la succession de huit guerres de Religion avec pour point d’orgue la Saint-Barthélemy, en 1572. L’Édit de Nantes et les victoires d’Henri IV organisent « la coexistence dans l’intolérance ». Au début des années 1660, Louis XIV choisit d’appliquer « à la rigueur » l’édit de Nantes. La révocation suit en 1685. Quelque 800000 huguenots s’exilent dans les pays protestants d’Europe. En 1787, la monarchie se rend à l’évidence : « la fiction d’une disparition du protestantisme n’est plus tenable ». La Révolution permet aux protestants, juifs, mennonites et autres étrangers le droit à un état civil. Dans une longue transition révolutionnaire qui précède la « Déclaration des droits de l’homme au Concordat », la France subit la « déchristianisation » de la « Constitution civile du clergé ». S’ouvrent trois siècles de paix concordataire jusqu’à la Séparation de 1905 : un État et trois puis quatre cultes (le judaïsme à compter de 1808) sont reconnus et liés par un puissant compromis, à savoir le paiement par l’État des traitements des ministres des cultes. L’auteur développe alors un diptyque : la tentation de la violence anticatholique à laquelle Émile Combes a succombé, en partie et une forme de reconnaissance des cultes qui a permis d’instaurer une paix religieuse au XXe siècle. Un bel ouvrage de réflexion. (1) « Entre religions et laïcité : la voie française : XIXe-XXIe siècles» — Patrick Cabanel — Éditions Privat — septembre 2007 — 19 €. 

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