Le Che et l’homme nouveau

Enfin un livre sur le Che, sur la pensée et la pratique d’Ernesto Guevara, loin du Che désincarné, vidé d’idéologie, doux rêveur, marchandisé, sanctifié. Le Che, un intellectuel, un penseur, un révolutionnaire (1). Enfin un livre sur la pensée marxiste hétérodoxe, parfois « hérétique », vivante, d’un homme pour qui il n’y a pas de politique sans éthique. Plus de trente ans avant l’altermondialisme, le Che cherche une autre conception de l’économie et de la politique, de leurs relations, vers un horizon communiste émancipateur et la visée d’un « homme nouveau ». Voilà pourquoi le prestige de Ernesto, Che, Guevara, reste intact. Cet ouvrage collectif, coodonné par Jean Ortiz, recueille les interventions d’une vingtaine de spécialistes latino-américains et européens, réunis à Pau, en avril 2007, pour le colloque « L’éthique dans la pensée et la pratique de Ernesto, Che, Guevara ». Dans la diversité de leurs approches, de leurs sensibilités, les participants réfléchissent sur une pensée communiste en évolution, en recherche, qui se transforme. « L’air du temps « libéral » respire le cynisme, la lâcheté, le calcul égoïste, le reniement, le culte du fric, de l’individualisme. L’héroïsme, la grandeur, l’engagement révolutionnaire, deviennent « mystification », « archaïsme » et « imposture » criminogènes. Voilà pourquoi Ernesto Che Guevara, ce « produit » de la Révolution cubaine, reste insupportable aux maîtres du monde ». C’est par cette introduction que l’auteur nous invite à une « révolte » sur le séisme économique vécu par l’Amérique latine victime de l’euphorie libérale et la critique du capitalisme. Malgré sa domination planétaire, des millions d’hommes n’ont pas renoncé à l’utopie concrète d’un « homme nouveau ». Un ouvrage collectif qui vaut le détour. (1) « Che plus que jamais» — Jean Ortiz — Éditions Atlantica — septembre 2007 — 25 €. 

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