De gré ou de force

1941 – Le printemps s’achève à Strasbourg (1). L’Alsace, annexée au IIIe Reich, vit l’anniversaire de l’armistice franco-allemand. Parmi la jeunesse strasbourgeoise, Walter Schwarz a opté pour la croix gammée, Stéphane Hentzel pour la résistance passive. Lorsque l’Allemagne déclare la guerre à son alliée l’URSS, Walter décide d’intégrer la Waffen SS. Stéphane, qui a combattu dans l’armée française en 1939, soutient, derrière son poste de radio, la résistance de l’Armée rouge. Jusqu’au jour ou le Reich, tenu en échec, décrète le service militaire dans les territoires annexés. D’un style dépouillé et précis, l’auteur nous entraîne d’un lieu à un autre sur les traces de nos jeunes héros. « Ce matin-là, le pas lourd des bottes luisantes de Walter résonna dans la cage d’escalier. Le jeune homme fredonnait le « Horst Wessel Lied », l’hymne de la S.A, la Section d’assaut du parti nazi dont il était membre ». Pendant ce temps, Stéphane Hentzel se dirige vers l’arrêt du tramway et observe sa ville : « Les nazis venaient de se l’approprier et l’avaient transformée, germanisée. Il l’avait fuie ». Les chapitres de la guerre de Walter sur le front Russe sont saisissants de réalisme. Le courage sinon le fanatisme de l’alsacien au sein d’une compagnie de la division Reich, sa vénération pour Brenner, son cher « Obersturmführer », valent vraiment le détour : « Les projectiles déchiraient le ciel laiteux, explosaient en une gerbe d’étincelles. Et d’un coup, plus rien. Éclate alors le feu russe. À plat ventre sur le sol! ». À Strasbourg, Stéphane, secrétaire à l’hôtel de ville, est quasiment obligé de donner des renseignements à un groupe communiste. Le marché est passé : c’est çà ou son élimination. Contraint, le choix sera vite fait. Un très beau livre, documenté, bien écrit et qui a du souffle. Je recommande. (1) « De gré ou de force» — Mathilde Tournier— Éditions Privat— septembre 2009 — 19 €. 

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