Médecins et société

Au fil des pages, un vaste panorama des mutations de la société française déroule ses tableaux et embrasse la période qui va du XVIe siècle à nos jours (1). Avant-hier, dans les campagnes, c’était le « désert médical ». Beaucoup d’entre nous ont connu ces journées d’angoisse où, après un accident domestique, l’idée d’aller déranger ou pas le médecin du village était longuement débattu avec ses proches. À partir des années 1960, les 45000 médecins deviennent 200000 en quelques décennies. En langage clair, les grandes Facultés, Pasteur, les antibiotiques au lendemain de la Seconde guerre mondiale et les avancées médicales significatives sont évoqués. De 1789 à 1793, l’ancien régime médical est abattu. Après « l’abrogation des privilèges, la suppression des ordres enseignants et hospitaliers, académies, collèges et facultés, c’est le vide institutionnel total, absolument unique dans l’histoire de la médecine française ». En 1794, trois écoles de santé sont créées à Paris, Montpellier et Strasbourg. Le métier sera vraiment réorganisé sous Bonaparte et le Consulat. Les Hôpitaux de Paris naissent en 1802. Les chirurgiens comme Larrey connaissent leur heure de gloire pendant les campagnes napoléoniennes. À la chute de l’Empereur, les bases institutionnelles de la formation des médecins et de l’exercice de leur profession sont posées pour un siècle. À la fin du XIXe, les conditions ont changé. Diplôme en poche, le docteur est seul face aux patients. Dans les villes, il s’établit près des boutiquiers et des commerçants ou sur la place du marché. Le thermomètre anal fait scandale. Le premier stéthoscope met du temps à s’imposer. Le médecin propose des remèdes « en composant avec les croyances populaires les moins nocives ». Un très beau livre qui par une écriture limpide nous fait apprécier à quel degré de civilisation nous ont permis d’accéder nos médecins pionniers. (1) « Médecins et société en France » — Hélène Berlan et Etienne Thévenin — Editions Privat — septembre 2005 — 20 €. 

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