L’expulsion des Juifs

Quatre édits d’expulsion sont prononcés en France – 1 394 – Castille et Aragon – 1 492 – Portugal – 1496-1497 – Navarre – 1 498 – et Provence – 1500-1501 (1). Les Juifs sont soumis au maître de leur territoire, au souverain, leur « seigneur naturel ». En diverses langues, on répète « Ils sont nos serfs ». Ils doivent racheter leur droit de vie et se soumettre à sa fiscalité, sous sa loi. Mais le seigneur a besoin de leurs capacités, punit leurs agresseurs et veille sur le bon remplissage de ses coffres. Après les conciles de Latran – 1 179 et 1 215 – les Juifs sont les témoins de la vie du Christ mais les coupables de sa passion. Ils font l’objet de disputes théologiques, portent certains vêtements et la rouelle, jaune ou rouge, cousue sur leur poitrine, préfiguration de l’ignominie nazie. Condition plus terrible encore, il ne faut partager leur repas, ni les employer dans des maisons chrétiennes, ni leur concéder des fonctions qui ont autorité sur les chrétiens ! A la fin du Moyen Age, une nouvelle silhouette se glisse entre le Chrétien et le Juif : le Converti. Peu de leur plein gré, plusieurs forcés par les menaces afin d’échapper à la mort. Ils renoueront en secret avec leur judaïsme mais, pour l’Église, ils sont toujours hérétiques. Ces 4 Édits les chasseront, parfois pour toujours, parfois avant leur rappel quelques années plus tard. Ils seront exécrés, malmenés, spoliés, meurtris. Henri II sera clément. Ces « Nouveaux chrétiens » qualifiés de juifs « Portugais » pourront s’installer où ils veulent et jouir des franchises et privilèges du royaume. Sous cette appellation, les Castillans, Aragonais, Navarrais entreront par Saint-Jean-de-Luz et se fixeront à Bayonne (Saint-Esprit), Bordeaux, Peyrehorade, Labastide-Clairence, Bidache, Nantes, Rouen, Avignon. Leur citoyenneté, enfin, sera préparée par Louis XVI, en 1787, et la loi votée par l’Assemblée Législative. Un ouvrage utile. (1) « Les Edits d’expulsion des Juifs » — Béatrice Leroy — Editions Atlantica — septembre 1998 — 20 €. 

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